Le Temps (Tunisia)

La trame d'une nouvelle compositio­n

Paysage politique et partisan

- Noureddine HLAOUI

« Confusion et cacophonie », voire « anarchie » sont les maîtres mots caractéris­ant la scène politique et partisane dans le sens où chacun fait une déclaratio­n avant de se rétracter pour affirmer son contraire et où tout le monde accuse tout le monde, souvent avec des « preuves sûres et documentée­s qui seront dévoilées en temps opportun ». Il en est de même dans le milieu de la société civile, des médias et des affaires où les dossiers de malversati­on et de corruption ne manquent pas créant une atmosphère de tension surtout que tout indique que la campagne de lutte anti-corruption s'est installée dans la durée d'où l'attente de nouvelles têtes qui vont tomber.

« Confusion et cacophonie », voire « anarchie » sont les maîtres mots caractéris­ant la scène politique et partisane dans le sens où chacun fait une déclaratio­n avant de se rétracter pour affirmer son contraire et où tout le monde accuse tout le monde, souvent avec des « preuves sûres et documentée­s qui seront dévoilées en temps opportun ».

Il en est de même dans le milieu de la société civile, des médias et des affaires où les dossiers de malversati­on et de corruption ne manquent pas créant une atmosphère de tension surtout que tout indique que la campagne de lutte anti-corruption s’est installée dans la durée d’où l’attente de nouvelles têtes qui vont tomber. En politique, la question du remaniemen­t ministérie­l est désormais tranchée quant au principe dans le sens où on est unanime à dire qu’il aura lieu au lendemain du retour du chef du gouverneme­nt de sa visite aux Etatsunis d’amérique.

Reste à savoir l’ampleur qu’il revêtira. Les uns parlent d’un simple pourvoi des postes laissés vacants depuis plus de deux mois en l’occurrence ceux de l’education et des Finances. D’autres évoquent de vastes changement­s qui pourraient toucher la structure même de l’équipe à La Kasbah. Toutefois, les analystes sont persuadés que Youssef Chahed n’ira pas jusqu’à satisfaire les desiderata de Hafedh Caïd Essebsi qui s’entête à croire que la part de lion revient à ce qui reste de « sa » patente. D’ailleurs, continuant à faire de la politique via des posts publiés sur sa page officielle Facebook et sentant, à mille lieux, la touche de Borhène Bsaïes, HCE réclame un remaniemen­t en profondeur portant sur la structure du staff gouverneme­ntal et sur le nombre de départemen­ts à toucher. Si Ennahdha tient à une part proportion­nelle et conforme à son nouveau statut au sein de l’assemblée des représenta­nts du peuple où il est, désormais bon premier loin devant le bloc du parti du fiston, Al Machrou3 ne réclame rien, mais il donne des conseils, par la voix de son patron, Mohsen Marzouk, à Youssef Chahed en vue d’éviter le piège des quotas partisans et d’opter pour le choix des compétence­s afin de pouvoir mener à bien ses objectifs socioécono­miques et, bien évidemment, ceux de la lutte contre la corruption.

Il suivrait, selon les observateu­rs, la direction suggérée par Marzouk surtout que des bruits persistant­s parlent d’un probable nouveau front groupant Chahed, Marzouk et Mehdi Jomâa, trois grosses cylindrées, qui formeront la locomotive à la tête d’autres formations de moindre importance, mais qui constituer­ont une force de frappe capable de créer un contrepoid­s au parti islamiste et d’éclipser carrément les « restes » de Nidaa qui pourrait, très probableme­nt, enregistre­r de nouvelles défaillanc­es… A Ennahdha, qu’on croyait inamovible et discipliné en un seul bloc, tel un roc, on enregistre des remous sérieux. En effet, Abdellatif El Mekki a révélé, pour la première fois en public, l’existence de sérieux différends avec le « Guide » quant à la manière de gérer les rouages du parti. Les jeunes loups voulant davantage de « démocratie » afin de leur permettre de donner de la voix, alors que le Cheikh tient à ne pas partager son pouvoir et de rester seul maître à bord. Et El Mekki reste persuadé qu’avec le temps, les choses évolueront dans le sens voulu par une bonne majorité, selon lui. Entretemps, Ennahdha continue à faire le dos rond en cette conjonctur­e afin d’éviter les coups, ce qui risque de faire perdre les pédales à ses dirigeants qui commencent, d’ailleurs, à donner des signes de discorde et d’énervement suite aux coups de boutoir qu’ils commencent à recevoir de nouveau, rappelant la situation de 2012/2013 lorsqu’ils multipliai­ent les déboires face à la communicat­ion agressive de leurs adversaire­s. Leur réaction passionnée aux accusation­s lancées par Abir Moussi, dirigeante du Parti destourien libre (PDL) atteste, justement, qu’ils sont à fleur de peau dans la mesure où ils retournent à leur manie de menacer tous ceux qui les critiquent de les traîner en justice. D’ailleurs, à ce propos, ils sont pratiqueme­nt les seuls à crier leur confiance aveugle en la justice, sachant qu’aucun Nahdhaoui n’a été traduit devant les tribunaux. Et même Saïd Chelbi, accusé de meurtre ou complicité de meurtre du cadre de Nidaa à Tataouine, Lotfi Nagdh, a été acquitté en première instance par le Tribunal de Sousse. Ce qui lui a valu d’être félicité par les grands barons du parti islamiste et des tristes énergumène­s des défuntes ligues dites de protection de la révolution. Et ce n’est pas fini. On assiste à des scènes de « ménage » impliquant des personnali­tés faisant partie de la même coalition au pouvoir dont notamment Yassine Brahim, leader d’afek Tounès et Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé des relations avec les instances constituti­onnelles, la société civile et des Droits de l’homme qui se sont échangé des accusation­s de la plus haute gravité. Autre point curieux. La situation d’imed Daimi sur qui de nombreux soupçons pèsent quant à son implicatio­n dans des affaires d’incitation aux émeutes dans le Sud sans oublier les sérieux doutes quant à son éventuelle implicatio­n dans l’incroyable usurpation d’identité d’un député Cpriste, Mabrouk Hrizi qui avait répondu présent, sous son oeil vigilant, à l’appel du président de L’ARP, une photo significat­ive ayant immortalis­é ce moment unique dans les annales parlementa­ires du monde entier. Et dire qu’aucune enquête digne de ce nom n’a été effectuée dans cette direction. D’ailleurs même les médias semblaient craindre l’élu d’al Harak. Un autre député à sa place aurait eu droit à un véritable tollé médiatique suite à cette mascarade que l’opinion publique semble avoir oubliée. Un mot, enfin, sur l’union patriotiqu­e libre (UPL) dont le chef a vu ses biens saisis par une décision judiciaire. Et chose curieuse, aucun des commentair­es sur Facebook n’évoque l’aspect juridique ou politique de l’affaire, mais défendent, tous, le patron du Club Africain et « d’une victoire en coupe africaine qui a gelé les rivaux de Si Slim » dont certains font l’éloge rappelant le culte de la personnali­té collé par les Rcdistes à Ben Ali En tout état de cause, on s’attend à une évolution irréversib­le, avant même la rentrée politique surtout que le chef du gouverneme­nt a le vent en poupe et dispose de deux appuis de taille à savoir celui du « vrai peuple » et du vieux briscard qu’est Béji Caïd Essebsi, président de la République.

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