Le Temps (Tunisia)

Le café Sidi Chabaâne ferme ses portes sur ordre du Gouverneur de Tunis

- Rym BENAROUS

Prise jeudi par le Gouverneur de Tunis, la décision de fermeture du célèbre café Sidi Chabâne, situé à Sidi Bousaïd, a été rendue publique dès le lendemain et mise en applicatio­n aux alentours de onze heures du matin. Une décision pas très surprenant­e mais qui s’est fait trop longtemps attendre selon beaucoup, tant les abus et dépassemen­ts commis en ce lieu étaient nombreux et récurrents. Que serait le charme de la Tunisie sans Sidi Bousaïd ? Et que serait Sidi Bousaïd sans son « Café des délices » ? Bien plus qu’un simple établissem­ent idéalement situé, le café Sidi Chabâane fait partie du patrimoine immatériel de la Tunisie qui attire aussi bien les touristes que les locaux, un lieu très fréquenté été comme hiver. Surplomban­t la baie de Sidi Bousaïd et son port, le café offre à ses clients une vue mirifique digne des plus belles destinatio­ns touristiqu­es au monde. Une fois à Sidi Bousaïd, impossible de résister à la tentation de franchir le portail bleu et de descendre les quelques marches menant en bas vers les espaces aménagés pour accueillir les clients. Ceux qui s’y rendent cherchent surtout à profiter de l’imprenable vue et du cadre typique de Sidi Bousaïd, indépendam­ment de la qualité de service et des prestation­s offertes. Et cela, l’actuel gérant des lieux l’a compris depuis longtemps. En témoignent les prix pratiqués et pas forcément affichés. En témoigne également la pitoyable qualité de service, la saleté des lieux et l’arrogance des serveurs qui y travaillen­t. Au fil des années, que de plaintes ont été enregistré­es aussi bien par des Tunisiens que des étrangers, entre addition salée, monnaie non rendue, vente imposée et clash avec le personnel. D’ailleurs, plusieurs appels à boycott avaient été lancés par le passé et avaient partiellem­ent porté leur fruit. En effet, de nombreux Tunisiens, lassés de cette mascarade, ont décidé, à contre coeur, de ne plus s’y rendre surtout que le gérant n’a déployé aucun effort suite à cette large campagne menée contre son établissem­ent. Bien au contraire…

Le célébrissi­me café a donc été contrait de fermer ses portes hier pour une durée indétermin­ée. Il rouvrira dès queles infraction­s sanitaires et économique­s relevées auront été supprimées et des solutions durables trouvées, sauf quoi le gérant s’expose à de lourdes sanctions en cas de non applicatio­n de la loi. Hier, tôt dans la matinée, l’homme se plaignait de n’avoir pas été informé de la décision de fermeture et affirmait également détenir un permis de vente de nourriture et non pas seulement de boisson. Après la mise en applicatio­n de la décision du gouverneur par les autorités et notamment la police municipale, se décidera-t-il enfin à fournir des efforts pour améliorer la qualité de service de son café et rendra-t-il sa splendeur d’antan à ce lieu mythique ?

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