Le Temps (Tunisia)

Daech en Iraq

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Trois ans après leur fulgurante ascension, les djihadiste­s de Daech ont le dos au mur, piégés dans leur fief de Mossoul. C’est désormais sur l’après-daech en Iraq que les regards sont portés. La multiplici­té des acteurs présents sur la scène iraqienne et la divergence des intérêts nous laissent une image peu claire des scénarios à venir. Si la fin des djihadiste­s est proche, les conflits confession­nels pourraient resurgir de plus belle. Outre les puissances étrangères, comme la Turquie et l’iran, quatre acteurs principaux opèrent sur la scène iraqienne : les milices chiites, les Kurdes, la population sunnite et le pouvoir iraqien. Exclue de l’armée et de l’administra­tion sous l’ancien premier ministre, Nouri Al-maliki, la population sunnite s’est retrouvée marginalis­ée, fait qui a favorisé l’éclosion et la montée en puissance de Daech qui se présentait alors comme le défenseur des sunnites face à la « répression chiite ». Avec la chute imminente de Daech, les sunnites craignent, d’une part, les représaill­es des milices chiites engagées dans la lutte contre le groupe extrémiste et, d’autre part, du fait de se retrouver à nouveau exclus et marginalis­és par le pouvoir chiite. Certains sunnites de Mossoul craignent d’être détenus par les milices chiites s’ils ne quittent pas la ville après la chute de Daech.

Les milices chiites, elles, sont apparues après l’effondreme­nt de l’armée iraqienne. Elles se considèren­t comme « le protecteur » de la population chiite. Ces milices ont acquis leur légitimité populaire après le fiasco de l’armée face aux djihadiste­s en juin 2014. Soutenues par l’iran, elles dictent la loi dans les zones qu’elles contrôlent. Le risque qu’ils se livrent à des exactions contre la population sunnite n’est pas à négliger. Après la défaite de Daech, elles pourraient aussi s’impliquer dans une âpre lutte pour le pouvoir.

Les Kurdes constituen­t le troisième acteur sur la scène iraqienne. Soutenus par les Américains, ils ont joué un rôle primordial dans la guerre contre les djihadiste­s. A présent, ils veulent eux aussi leur part du gâteau. Les Kurdes n’ont jamais caché leurs velléités indépendan­tistes, ils souhaitent bâtir un Etat indépendan­t au Kurdistan iraqien, ce qui n’est évidemment pas du goût du pouvoir central à Bagdad. Le pouvoir central iraqien est le dernier acteur sur scène. Miné par la crise économique et affaibli par les conflits internes, il ne semble pas posséder beaucoup de cartes. La gestion de l’après-daech en Iraq ne sera pas facile. Un accord politique semble primordial pour assurer la stabilité de cette période, et empêcher le retour à la violence.

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