Tension maximale
Les territoires palestiniens et Al Qods-est sont-ils à nouveau sur le point de s'embraser ? C'est la grande crainte des responsables israéliens de la sécurité, mais aussi de Mahmoud Abbas, le président de l'autorité palestinienne, qui a écourté son voyage officiel en Chine.
À l'origine de ce regain de tension, l'opération commise vendredi dernier, tôt le matin contre deux policiers à l'entrée de l'esplanade des Mosquées et blessé grièvement un troisième, avant d'être abattus. Leurs armes, un pistolet mitrailleur de fabrication artisanale et un revolver, se trouvaient apparemment à l'intérieur du Haram El Sharif, le troisième lieu saint de l'islam – pour les Juifs, le mont du Temple. La police a entièrement bouclé l'esplanade et, pour la première fois depuis des décennies, la grande prière du vendredi n'a pas eu lieu. La réouverture n'a été autorisée que dimanche dernier, mais après installation à toutes les entrées de portiques de détection de métaux. Une mesure inacceptable pour le Waqf, l'administration des biens musulmans responsable de la gestion de ce lieu, qui voit là une atteinte au statu quo existant depuis la conquête israélienne en juin 1967.
Possible explosion de violence Soutenu par la Jordanie et les dirigeants de la communauté arabe en Israël, le Waqf accuse le gouvernement de Netanyahu de s'arroger le droit de contrôler l'accès des musulmans aux Saintes Mosquées. Les chefs religieux musulmans refusent donc de pénétrer sur l'esplanade et manifestent en priant devant les fameux portiques, porte des Lions. Des affrontements avec la police ont fait plusieurs dizaines de blessés, parmi lesquels l'ancien grand mufti d’al Qods, Ikrima Sabri, touché par des balles en caoutchouc.
Le principal problème pour la police israélienne est de parvenir à laisser passer un nombre suffisant de fidèles lors des différentes prières. S'ils sont 5 000 à la fois pour chacune d'elles, lors de la grande prière du vendredi, ce sont plus de 50 000 personnes qui sont attendues. Dans ces conditions, les responsables musulmans ont annoncé que si les portiques n'étaient pas retirés d'ici aujourd’hui, toutes les mosquées de la région resteront fermées. Et les musulmans sont appelés à venir prier dans toutes les rues autour
de ce lieu saint. Dans la crainte d'une explosion de violence, plusieurs dirigeants arabes – le roi de Jordanie et, par l'intermédiaire de l'administration Trump, le roi d'arabie saoudite – sont intervenus auprès de Benjamin Netanyahu pour qu'il calme la situation et ordonne le retrait des portiques. En attendant, l'armée israélienne est en alerte maximale en Cisjordanie, et 5 bataillons sont prêts à intervenir.
Décision fatidique La balle est dans le camp israélien. Le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, est en faveur d'une réponse positive aux demandes arabes. La police, elle, est contre. Sans parler des membres les plus à droite du gouvernement israélien qui demandent au Premier ministre de ne pas céder aux pressions. Comme à
l'accoutumée, les voix les plus tonitruantes ont été celles de Naftali Bennett, le ministre de l'éducation et dirigeant du Foyer juif (le parti des colons), et Miri Regev, la ministre Likoud de la Culture. Leurs arguments rejoignent ceux des patrons des forces de police : à la Mecque, à la Knesset, au mur des Lamentations, il y a des portiques de détection de métaux, la demande du Waqf est donc « pure hypocrisie »… Dans un post publié sur les réseaux sociaux, Naftali Bennett enfonçait un peu plus le clou en affirmant que « céder aux pressions palestiniennes porterait atteinte à la dissuasion israélienne et mettrait en danger la vie des fidèles, des visiteurs et des policiers sur le mont du Temple ». Alors cédera, cédera pas ? Benjamin Netanyahu devrait prendre sa décision au cours des prochaines heures.