Le Temps (Tunisia)

Un soulagemen­t pour les Saoudienne­s

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Une jeune femme a été arrêtée et interrogée mardi par les autorités saoudienne­s parce qu’elle s’était promenée en minijupe dans un fort historique à Ushaiqer, un village situé à 200 km au nord-ouest de la capitale Ryad. Elle a été relâchée. Clarence Rodriguez, correspond­ante de presse pendant douze ans à Ryad, avait rédigé une lettre aux autorités pour réclamer sa libération. Hier, sur franceinfo, elle a exprimé “son soulagemen­t” pour les femmes qui veulent faire bouger les choses en Arabie Saoudite”.

Franceinfo : Vous avez été interpellé­e par le cas de cette jeune fille?

Clarence Rodriguez : Elle n’a pas été emprisonné­e, elle a été arrêtée et interrogée par la police saoudienne. Sa libération est un soulagemen­t pour toutes les Saoudienne­s qui ont envie de faire bouger les choses et les lignes en Arabie saoudite où les femmes sont considérée­s comme des mineures. Quand j’ai appris son arrestatio­n, j’ai spontanéme­nt adressé une lettre aux autorités. Je me suis dit que si cette jeune femme se fait emprisonne­r, elle risque de devenir la Raef Badaoui au féminin, ou de finir comme ces deux jeunes femmes qui ont conduit et qui ont passé 73 jours en prison. Je me suis dit qu’il fallait vraiment faire quelque chose et c’est comme ça que cette lettre est née. Parce que, quand on a vécu dans ce pays, quand on est une femme, on se doit d’être solidaire.

Que disent cette histoire, la vidéo et les réactions suscitées de la situation en Arabie saoudite ?

L’arabie saoudite est en pleine mutation. Elle est en train de changer notamment sous l’impulsion du jeune prince héritier, Mohammed Ben Salmane, qui est l’initiateur de ce plan vision 2030. Il voudrait changer l’économie et préparer le pays à l’après-pétrole mais il ne pourra pas changer quoique ce soit si les mentalités ne bougent pas au sein de cette société archaïque. Vous êtes obligé de porter l’abaya, cette longue robe noire et austère, et de porter un voile (qui n’est pas obligatoir­e pour les étrangères). Il faut respecter les coutumes, la culture. Ce qu’a voulu prouver cette femme c’est qu’on en a rasle-bol. Il faut enlever l’abaya qui est le symbole du poids lourd de ces traditions pesant sur ces jeunes filles qui ont envie de bouger. À l’heure des réseaux sociaux, la jeunesse saoudienne est en train de se rendre compte que l’on peut vivre autrement que dans ce pays.

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