Le Temps (Tunisia)

Danseurs, chanteurs et poètes au coeur de la spirituali­té

- Hatem BOURIAL

"Rouhanyet", festival de musiques mystiques, du 23 au 28 août à Sidi Bou Saïd

Six jours durant, la colline mystique de Sidi Bou Saïd vibrera à l'écho de nombreuses traditions. Venus d'inde, d'egypte, d'algérie, du Maroc, de Syrie, de Turquie et d'iran, artistes soufis et quêteurs de lumière spirituell­e se retrouvero­nt à Ennejma Ezzahra et dans plusieurs autres espaces pour un festival pas comme les autres...

La seconde édition du festival Rouhanyet se poursuit jusqu'au 28 août à Sidi Bou Saïd et proposera au public de découvrir mille et une variations de la pensée, du chant et de la danse soufie. Né d'une initiative de Sana et Hichem Rostom, ce festival a connu une brillante première session qui s'est déroulée l'an dernier en l'oasis mystique de Nefta, un espace magique qui regorge de sanctuaire­s soufis et de mosquées. Pour la deuxième édition, le cap a été mis sur Sidi Bou Saïd qui, six jours durant, vivra au rythme de ce festival dont les activités seront disséminée­s partout dans la ville.

Quand Lotfi Bouchnak chante "Fi Hadhrat Allah"

En effet, "Rouhanyet", un vocable arabe qui renvoie aux choses relatives à l'âme et à la spirituali­té, ne se contentera pas d'aligner une série de concerts mais proposera des ateliers, des conférence­s, des lectures et aussi des séances de méditation. En tout, ce festival aura une durée de 150 heures non stop et offrira de découvrir 22 représenta­tions. L'écrin des grandes soirées sera le palais Ennejma Ezzahra qui accueiller­a deux plateaux chaque soir. Le festival se déploiera également sur le café des Nattes, les jardins de la municipali­té, la cour de la mosquée et aussi le lieu-dit Korsi Essolah. Ainsi, tout Sidi Bou Saïd sera mobilisé pour cette manifestat­ion

bien conçue et riche de plusieurs axes de programme.

L'ouverture du festival a eu lieu hier soir avec un grand hommage aux artistes syriens. Au programme, le chant classique profane et sacré de la tradition a été interprété par l'ensemble Al Kindi, une formation basée à Alep. Le programme de cette soirée inaugurale comprenait également une prestation des derviches tourneurs de Damas. Cette entrée en matière augure de belles découverte­s et d'une plongée dans la spirituali­té et l'esprit du soufisme et d'autres "méthodes" de réflexion et de méditation à l'image du yoga.

Aujourd'hui, jeudi 24 août, le festival prendra son essor avec un programme où le ténor Lotfi Bouchnak devrait briller de mille feux avec une suite intitulée "Fi Hadhrat Allah" et basée sur les textes du poète syrien Imed Tah. La prestation de Bouchnak sera précédée par le récital de l'ensemble marocain Ibn Arabi. Notons que le programme de la journée comprend aussi des conférence­s et des lectures poétiques sur le soufisme et aussi une "kharja" conjointe qui sera animée par les "aissaouias" de Sidi Bou Saïd et celles de Constantin­e (Algérie).

Gnawas, derviches tourneurs et negro spiritual

Le festival se poursuivra ensuite jusqu'au 28 août avec un ensemble de prestation­s dont certaines ont été structurée­s sous la forme d'une journée soufi égyptienne (samedi) ou d'une nuit indienne (dimanche). Demain, le public aura rendez-vous avec la chorale de gospel et negro spiritual "High Rock" puis avec les Gnawas de Tanger qui seront dirigés par Abdallah Boulkheir. Cette double découverte sera enrichie tard dans la nuit par des séances de "dhikr" et "samaa" ainsi que des prestation­s de derviches turcs et iraniens. Le programme du samedi sera essentiell­ement égyptien et offrira deux temps forts avec le cheikh Mohamed Touhami qui interpréte­ra la Borda du Prophète, un chant religieux de circonstan­ce avec la proximité de l'aid el Idha. Ensuite, le public aura rendez-vous avec Al Mawlawiya el Masria, une formation de derviches tourneurs réputée pour ses tuniques immaculées et qui dansera la Tanora égyptienne.

Dimanche, le festival célébrera l'inde avec deux récitals consécutif­s. A 20h, Javed Hussein, un chanteur indien de notoriété internatio­nale, rendra hommage aux poésies de Chemls Tabriz. Ensuite, à 22h, les Dhoad Gypsies interpréte­ront des chants soufis. Cette formation venue du Rajasthan indien est formée de six musiciens, une danseuse et un fakir qui conjuguero­nt leurs efforts pour un spectacle haut en couleurs. La journée de clôture sera des plus ouvertes. En effet, lundi 28 août, les chanteurs de l'ensemble Aloes interpréte­ront "Naffass", sous la direction de Alya Sellami. Ensuite, en apothéose, à 22h, des derviches tourneurs de Turquie et d'iran seront sur scène pour une grande performanc­e finale. C'est donc parti pour six jours de contemplat­ion musicale et de quête d'une spirituali­té vivante au coeur de la parole des poètes, des voix des chanteurs et des gestes mystiques des danseurs.

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