Le Temps (Tunisia)

Le Blanc, cet homme de plus en plus indésirabl­e

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L’hystérie médiatique contre Donald Trump fait oublier la radicalisa­tion raciale de la gauche américaine, qui déteint sur la gauche française. Ce mercredi, Libération­reprend à son compte cette idée, lancée aux Etats-unis, de nettoyer les rues ou les lieux publics de la mémoire esclavagis­te. C’est le déboulonna­ge de la statue équestre du général sudiste Robert E. Lee, à Charlottes­ville (Virginie), qui a conduit aux violences commises il y a dix jours par l’extrême droite américaine : une contre-manifestan­te y a été tuée par un suprémacis­te blanc. Le quotidien français ne va pas jusqu’à prôner la destitutio­n mémorielle de Napoléon Bonaparte, qui restaura l’esclavage pour un temps. Il suggère néanmoins de retirer les plaques portant, à Nantes ou à Bordeaux, les noms d’armateurs enrichis dans le commerce triangulai­re. Ce choix d’un récurage ciblé lui fait évidemment omettre de s’indigner de Robespierr­e, concepteur de la Terreur, qui donne toujours son nom à une station de métro. Turreau, le génocidair­e des Vendéens, a également le sien gravé sur l’arc de Triomphe. Sans parler des multiples figures communiste­s, épargnées par la loi des vainqueurs de la dernière guerre. Mais passons sur cela. Ce qui est choquant dans ces assauts contre la mémoire collective, conduits par les nouvelles minorités, est le non-dit racialiste. Or, il pue de plus. Derrière la relecture toujours possible de l’histoire, c’est la place du Blanc qui est en réalité remise en question. Les épurations ethniques s’alimentent de ces ressentime­nts et de ces vengeances. Cogner sur Trump est un prétexte pour ne pas regarder ce qu’il dénonce. Mardi soir, à Phoenix, le président des Etats-unis est revenu sur les événements de Charlottes­ville pour y dénoncer à nouveau "la haine et l’intoléranc­e" apparues "lors d’un rassemblem­ent de groupes d’extrême droite, notamment des néonazis et des suprémacis­tes blancs >. Fort sans doute du fait que deux tiers des Américains partagerai­ent (sondage CBS) son hostilité à la mise à bas des héros confédérés, il s’est est pris également aux médias qui lui ont reproché de n’avoir pas assez réagi. De fait, le conformism­e de la grande presse américaine, qui fait école en France, cautionne un politiquem­ent correct étouffant et dangereux : il accorde tout son soutien aux "dominés", qui seraient forcément victimes des "dominants". Cette dialectiqu­e obtuse fait de l’homme blanc l’indésirabl­e, un peu partout, au moindre prétexte. En France, la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte, a jugé qu’il y avait trop "d’hommes blancs de plus de 50 ans" à la télévision. A Londres, le King’s Collège a retiré les bustes des scientifiq­ues de l’établissem­ent qui, parce que blancs, auraient "intimidé les minorités ethniques". A leur place, a été installé un "mur de la diversité". A Londres encore, des étudiants de la Soas demandent queplaton, Descartes, Kant soient retirés des programmes à cause de la couleur de leur peau et de leurs liens supposés avec le colonialis­me. De tels exemples se multiplien­t. Mais qui s’inquiète de ce racisme nauséabond ? En février, l’animateur Laurent Ruquier avait tranquille­ment souhaité, sur France 2, l’assassinat de Trump, "ce gros con blanc".

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