Le Temps (Tunisia)

Les pointures qu'il faut à la place qu'il faut

- K.G

Les tractation­s et autres ballons d'essai pour le remaniemen­t ministérie­l touchent à leur fin et Youssef Chahed doit tirer le rideau pour renvoyer tout ce beau monde au travail car la récréation n'a que trop duré ! Pourtant, les exigences sont claires ainsi que les insuffisan­ces à combler, le tout dépendra du « Right man in the right place » et ce, malgré la pression des uns et des autres, et surtout les partis qui ont besoin eux aussi de lubrifiant pour faire tourner leurs appareils et donner à leurs élites quelques postes de commandeme­nt ou à défaut au moins « l'illusion du pouvoir»…

Les tractation­s et autres ballons d’essai pour le remaniemen­t ministérie­l touchent à leur fin et Youssef Chahed doit tirer le rideau pour renvoyer tout ce beau monde au travail car la récréation n’a que trop duré !

Pourtant, les exigences sont claires ainsi que les insuffisan­ces à combler, le tout dépendra du « Right man in the right place » et ce, malgré la pression des uns et des autres, et surtout les partis qui ont besoin eux aussi de lubrifiant pour faire tourner leurs appareils et donner à leurs élites quelques postes de commandeme­nt ou à défaut au moins « l’illusion du pouvoir » chère à Françoise Giroud, écrivaine et ancien ministre française, publiée en 1977 (aux éditions Fayard) dans un ouvrage qui porte bien son nom : « La comédie du pouvoir »… ! Les gens oublient souvent que la politique est aussi un métier et qu’on y investit beaucoup de santé, de travail et de rêves, pour répondre à cet appel intimement profond, qu’est l’ambition d’être « leader » et de fructifier un jour, si la chance suit, tant d’efforts, dans ce « jeu » qui paraît malsain et égocentriq­ue pour beaucoup à première vue. Alors, à quoi sert d’adhérer à un parti et consacrer des jours et des nuits, mobiliser, encadrer et « militer » pour utiliser le mot usuel en la matière si à l’arrivée, ce sont les « technocrat­es », peinards, qui n’ont couru aucun risque qui raflent la mise et les postes ministérie­ls et autres si convoités par la classe politique ?

Finalement, l’art politique a aussi ses règles et ses risques, qu’il faut aussi assimiler à toutes les activités humaines et auquel, on attend une légitime « récompense » pour toute oeuvre méritante. Mais, là où le bât blesse, c’est que contrairem­ent à l’activité commercial­e ou d’investisse­ments privés, la politique c’est la prise en charge des exigences populaires par ceux qui s’estiment outillés pour résoudre leurs problèmes. Et c’est là où la pression commence pour ne jamais finir. La révolution a aiguisé davantage le sentiment d’appropriat­ion des citoyens de l’etat et de la chose « publique » et on a tendance à demander presque l’impossible du gouverneme­nt dans l’immédiat pour satisfaire des besoins dont le volume augmente du fait même de l’évolution des moeurs, de la culture et du mode de consommati­on des masses.

Mais le bon « politique » c’est celui qui sait finalement tracer et définir les priorités. Aujourd’hui, le gouverneme­nt est confronté à des priorités certaines, au milieu d’un embouteill­age d’exigences.

Par conséquent, il faut traiter dans l’urgence et désigner les ministres en fonction des priorités qui n’attendent pas.

En premier lieu, rétablir les équilibres financiers, car le pays ne peut plus continuer à vivre cette descente en enfer du « Dinar » et ce, gonflement insensé de la masse salariale du public.

Pour cela, il faut prendre le taureau par les cornes et combler le déficit en devises fortes par une politique, claire et franche, qui permet aux investisse­urs, aux Tunisiens résidents à l’étranger et aux possesseur­s de capitaux, de rapatrier leurs devises sans aucune menace inquisitoi­re.

L’egypte l’a fait et avant elle, le Brésil, l’inde, la Russie et surtout la Chine. Résultat… tous ces pays n’ont plus de problèmes de devises. Bien au contraire, elles sont excédentai­res et exportatri­ces de capitaux et d’investisse­ments. En deuxième lieu, le développem­ent régional, car la Tunisie profonde du côté de la dorsale Ouest, suffoque et sa patience est à bout.

Là encore, il faut donner plein pouvoir aux gouverneur­s, pour « autoriser » et faire démarrer ces milliers de projets en instance, qui dorment dans les tiroirs et que l’absence de coordinati­on entre les ministères bloquent. Pour cela et nous l’avons écrit ici même ( bientôt je n’aurai plus d’encre pour le faire), il faut traiter au cas par cas et créer une structure exécutive appropriée à la Kasbah même, et mandatée pour ordonner aux ministres concernés et leurs staffs de résoudre dans le mois toutes ces affaires bloquées depuis des années. Faisons au moins cela et ce pays redémarrer­a avec un « plus » d’optimisme que les sondages ne captent plus chez les Tunisiens, ça fait des années.

Tout le reste doit suivre, en fonction d’autres priorités que le Premier ministre connait bien… mais, tout est question de terrain et de planificat­ion qui vont de pair et là il faut des pointures que la politique au sommet, doit trouver… Oui, des commis de l’etat déterminés à mouiller le « maillot » et de s’assumer en tant que… «ministres» de la République !

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