Une meilleure maîtrise des dépenses d'assurance-maladie
• Le gain escompté tourne autour de 40 millions de dinars par an
Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a annoncé, lundi, que la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM) prévoit de mettre à disposition de ses affiliés, d’ici la fin de l’année en cours, une carte de soins électronique. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire «Al-mosawer», le ministre a précisé que l’appel d’offres relatif à l’implémentation de cette carte de soins intelligente sera lancé au cours de la seconde moitié du mois de septembre, en collaboration avec le ministère des Technologies de communication et de l’economie numérique. La CNAM a déjà finalisé les aspects techniques et réglementaires de ce projet, selon des sources bien informées au sein de la Caisse qui représente la cheville ouvrière du régime national d’assurance-maladie. Le candidat qui sera déclaré vainqueur de l’appel d’offres aura pour mission de fournir une solution technologique clefs en main qui comprend le logiciel, la plateforme matérielle, le réseau de communication, la fourniture de 5 millions de cartes de soins électroniques et de terminaux permettant de lire ces cartes aux prestataires de soins, toutes catégories confondues. L’offre comprend aussi les volets formation à l’utilisation du système et maintenance des équipements. L’ambitieux projet de la mise en place d’une carte de soins électronique date de 2009. Il a été jusque-là reporté sans cesse pour des raisons obscures. Cette carte à puce magnétique semblable à la carte de crédit jouera de manière parfaite et exhaustive, le rôle de la «fiche-patient» high tech. Elle devrait contenir des informations personnelles de l’affilié inhérentes au plafond de soins annuel ainsi que les soins qui lui ont été administrés et à sa situation professionnelle et familiale.
La nouvelle carte permettra ainsi aux établissements publics de santé et aux prestataires de soins privés de réaliser le suivi de la situation du malade, de faciliter les conditions de la prise en charge des diverses pathologies, de mettre à jour presque en temps réel le plafond des soins dont le patient dispose et de gérer le système du ticket modérateur.
Très sécurisée, la carte de soins électronique devrait également permettre un traitement totalement automatisé et rapide des dossiers et des délais de remboursement de frais de soins plus courts. Elle contribuera aussi à la maîtrise des dépenses d’assurance-maladie grâce à une gestion rationnelle et en temps réel des flux et à l’amélioration des performances de la CNAM au niveau du contrôle, ce qui limitera considérablement les abus et les fraudes. Selon des sources proches de la CNAM, le gain escompté de la mise en place de cette solution technologique tourne autour de 40 millions de dinars par an.
L’intersyndicale des professionnels libéraux de la santé, qui regroupe le Syndicat tunisien des médecins libéraux (STML), la Chambre syndicale nationale des établissements de santé privés, le Syndicat des dentistes de libre pratique, la Chambre syndicale des cliniques de dialyse de Tunisie, le syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie et le syndicat national des biologistes de libre pratique, ne cesse d’appeler les autorités de tutelle à lancer sans délai la carte de soins électronique afin de fluidifier et de simplifier l’échange d’informations entre les prestataires de soins privés et la CNAM. Les syndicats rappellent dans ce cadre que des milliers d’assurés sociaux ont reçu l’an dernier des notifications de dépassements de plafond relatives à plusieurs années écoulées de la part de la CNAM, indiquant que la carte de soins électronique aurait pu permettre aux médecins d’alerter à temps leurs patients sur tout dépassement du plafond.