Le Temps (Tunisia)

L’instant d’après…

-

Pas trop de place pour l’euphorie. Ou pour les désaveux précipités alors que le lait n’a pas fini de bouillir sur le feu et que le café dans les tasses n’a pas encore avalé son petit morceau de sucre. Ou pas s’il n’aime pas. Encore une fois, le pays n’attend pas. Pour ce qui est de la folie, elle peut être créatrice et inventer un monde nouveau parce qu’elle aurait eu l’audace accolé aux pieds, en guise de semelles de vent. Elle peut aussi servir à donner le change. Le temps de changer son fusil d’épaule, et de se tenir prête : droit dans ses bottes, pour bien assurer sa garde et assumer son combat. Jusqu’au bout. Parce qu’il faut bien y croire, fut-ce le laps d’un instant, pour pouvoir continuer son chemin ! La monnaie dégringole ? Inventons-lui un ascenseur, ça lui fera gagner du temps. Les réserves n’ont plus de réserve ? Creusons vite un autre filon, et noyons tous les poissons dans l’eau douce, avant de les remettre à la mer. Quand ils auront retrouvé leur mémoire, de l’eau aura coulé sous tous les ponts, parce qu’elle ne viendra plus à manquer. Et les poissons feront un festin d’abondance parce que l’arrière pays se sera inventé un autre destin, en oubliant qu’il a eu soif dans le passé, à en avoir le gosier desséché. En feu, il ne pouvait pas oeuvrer pour la paix, ni croire qu’un lendemain pouvait être meilleur, ailleurs que dans un prêche à la mosquée ; lorsqu’il sera bien mort et enterré. Changer pour que rien ne change ? Changer pour que tout change dans la foulée. A moins que…

Samia HARRAR

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia