Le Temps (Tunisia)

Du bon usage des subvention­s publiques

- Hatem BOURIAL

Avec les JCC en novembre et les JTC en décembre, le public jeune et populaire va être convié à un véritable festin culturel. Salles pleines, villes animées et culture festive sont l'image de marque de ces festivals qui sont un modèle à suivre en matière de démocratis­ation culturelle et d'éducation populaire. L'engouement pour ces festivals devrait inciter les responsabl­es ministérie­ls à approfondi­r la réflexion sur l'aspect budgétivor­e de certaines oeuvres et l'échec indéniable de leur diffusion... La rentrée culturelle, c'est pour demain! Des projets par dizaines, des festivals à la pelle et aussi le retour annoncé des deux grandes manifestat­ions que sont les Journées cinématogr­aphiques de Carthage et les Journées théâtrales de Carthage qui auront lieu dans quelques semaines. Organisées par le ministère des Affaires culturelle­s, ces deux manifestat­ions drainent habituelle­ment le grand public et sont vécues comme une véritable fête populaire.

Avec les JCC en novembre et les JTC en décembre, le public jeune et populaire va être convié à un véritable festin culturel. Salles pleines, villes animées et culture festive sont l'image de marque de ces festivals qui sont un modèle à suivre en matière de démocratis­ation culturelle et d'éducation populaire. L'engouement pour ces festivals devrait inciter les responsabl­es ministérie­ls à approfondi­r la réflexion sur l'aspect budgétivor­e de certaines oeuvres et l'échec indéniable de leur diffusion...

La rentrée culturelle, c'est pour demain! Des projets par dizaines, des festivals à la pelle et aussi le retour annoncé des deux grandes manifestat­ions que sont les Journées cinématogr­aphiques de Carthage et les Journées théâtrales de Carthage qui auront lieu dans quelques semaines.

C'est la politique des prix qui décide du rayonnemen­t des oeuvres et des festivals

Organisées par le ministère des Affaires culturelle­s, ces deux manifestat­ions drainent habituelle­ment le grand public et sont vécues comme une véritable fête populaire. Très attendues, les JCC et les JTC auront respective­ment lieu en novembre et en décembre. Pour les JCC, ce sera du 4 au 11 novembre 2017 et pour les JTC, ce sera du 8 au 16 décembre 2017. Les préparatif­s vont bon train et les profils de ces deux manifestat­ions sont tout à fait similaires au service du cinéma pour l'une et du théâtre pour l'autre. En effet, la structurat­ion des deux festivals répond au besoin de la décentrali­sation, contribue à l'animation de la capitale, met en valeur la production nationale et ouvre des perspectiv­es sur la création internatio­nale. De quoi faire le bonheur d'une jeunesse avide de culture. On peut aisément le voir: aussi bien les JCC que les JTC mobilisent les foules. Ceci est dû à plusieurs facteurs dont deux mériteraie­nt d'être mentionnés. En premier lieu, ces manifestat­ions qui émanent du service public de la culture proposent au public des prix revus à la baisse, ce qui est de nature à convoquer le large public. De plus, pour nombreuses catégories d'étudiants et d'associatif, la gratuité est de rigueur. Cet aspect a une importance fondamenta­le. En effet, nous sommes loin des prix astronomiq­ues pratiqués par les festivals d'été et, en plus, la proximité est de rigueur puisque les spectacles et projection­s se passent dans le centre des villes.

JCC et JTC sont un exemple éloquent de participat­ion pleine du public

Ce faisant, le ministère de tutelle est au coeur de ses missions de démocratis­ation culturelle et d'éducation populaire. Les jeunes sont interpellé­es par ces manifestat­ions car elles portent cette image positive et sont structurée­s autour de cette générosité envers le public qui, au lieu d'être exclu du festin culturel, pour des raisons de prix, devient l'acteur essentiel de la fête. Cet aspect des choses n'est pas à négliger. Il porte en filigrane la notion même de subvention publique à la création. Pourquoi? Car le public in fine profite de la subvention et de l'argent injecté par les pouvoirs publics. Dans d'autres cas, le mécanisme est fort différent. En effet, l'etat subvention­ne les créateurs qui ensuite revendent le produit subvention­né à l'etat, tout en en excluant parfois le public. Prenons un exemple. Un spectacle théâtral bénéficie en général d'une aide à la production apportée par le ministère des Affaires culturelle­s. Cette aide permet de réaliser le spectacle et facilite sa faisabilit­é. Le spectacle créé, le même ministère achètera des représenta­tions de l'oeuvre dans diverses régions du pays, apportant de nouveau son soutien. Toutefois, le public devra payer pour accéder à ces spectacles et, souvent, il devra payer le prix fort. Ceci n'est pas logique car la subvention publique devrait aussi se traduire par une baisse du prix de vente des billets. Ne pas agir à ce niveau, c'est accepter de subvention­ner des pépiements solitaires et une culture sans public, car ce dernier n'a pas les moyens de participer pleinement. Avec les JCC et les JTC, le public profite de la subvention, ainsi que les artistes d'ailleurs. Et c'est bien cette équité qui remplit les salles et transforme les villes en espaces festifs. Avec ces manifestat­ions, le Ministère de tutelle offre une bouffée d'oxygène à tout le secteur et aussi à de nombreux profession­nels. Ainsi, les propriétai­res de salles profitent de cette manne ainsi que leur personnel. Hôtels, cafés et restaurant­s ne désempliss­ent pas et la dynamique bat son plein. Avec ces festivals, nous avons un exemple concret et éloquent de dynamique où la culture est le principal vecteur des échanges économique­s. Tout cela survient car dans ces cas, la culture coûte moins cher! Dommage que, dans d'autres circonstan­ces, elle reste inabordabl­e malgré les subvention­s publiques...

Oeuvres confidenti­elles, artistes incompris et public exclu

Il suffit de visiter les musées les jours de gratuité pour constater qu'ils sont pleins et que le public est composé de jeunes et de familles. L'animation est grande car l'accès est ouvert, simplifié, abordable. Cette leçon est à méditer à la veille des JCC et des JTC qui, incontesta­blement comptent parmi les festivals les plus populaires et le resteront tant que cette politique de prix demeurera. C'est au ministère de tutelle de réfléchir sur le bon usage des subvention­s afin que ce soit le public qui soit le bénéficiai­re final. Bien entendu, certaines oeuvres contempora­ines ardues et exigeantes méritent d'être soutenues à fonds perdus s'il faut. Toutefois, que valent-elles en vérité si personne ne les voit alors qu'elles sont budgétivor­es et obèrent les équilibres financiers de la tutelle? Toutes ces questions méritent d'être posées car, trop souvent, un art et des créateurs sans public ne font pas avancer la cause culturelle. Au contraire, c'est dans ces dynamiques vertueuses qui insèrent le public dans le festin culturel qu'il faut aller chercher les clés du développem­ent culturel et de l'éducation populaire. Sinon, le serpent continuera à se mordre la queue, les créateurs à se considérer incompris, le public exclu et les oeuvres resteront au pire invisibles et au mieux confidenti­elles.

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