Le Temps (Tunisia)

Désordre, clivages et tirailleme­nts politiques

- Faouzi SNOUSSI

Le spectacle était, vraiment, désolant, à la session extraordin­aire de l'assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), avec des débats face auxquels le simple citoyen perdrait son latin. La journée du mardi, couronnée par un fiasco, avait été consacrée au choix des membres sensés remplacer le président de l'instance supérieure indépendan­te pour les élections (ISIE) et deux de ses membres. Mais, ce fut vain et l'absence de quorum a été l'obstacle majeur qui avait empêché cette démarche.

Le spectacle était, vraiment, désolant, à la session extraordin­aire de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), avec des débats face auxquels le simple citoyen perdrait son latin. La journée du mardi, couronnée par un fiasco, avait été consacrée au choix des membres sensés remplacer le président de l’instance supérieure indépendan­te pour les élections (ISIE) et deux de ses membres. Mais, ce fut vain et l’absence de quorum a été l’obstacle majeur qui avait empêché cette démarche.

Le jeu du chat et de la souris s’était donc poursuivi, dans un climat tendu à l’assemblée des concernant le remplaceme­nt des membres démissionn­aires, ce qui ne semble pas avoir satisfait l’opposition, surtout.

A cela s’ajoute l’attente de la décision du Conseil supérieur de la magistratu­re concernant la loi sur la réconcilia­tion nationale, depuis 55 jours et devant avoir lieu, en principe, avant la discussion de cette loi qui fait, depuis longtemps l’objet d’une grande polémique. Hier, l’ambiance était grave à L’ARP, avec un grand désordre, des tirailleme­nts politiques et l’absence d’une ligne conductric­e, entre membres de l’assemblée et même entre des éléments appartenan­t au même parti. Le débat de la matinée a tourné autour de la possibilit­é ou non d’entamer les discussion­s sur la réconcilia­tion nationale, avant d’avoir achevé le remplaceme­nt des trois membres démissionn­aires de L’ISIE. Les députés se sont englués, comme d’habitude, dans des chamailler­ies et des insultes indignes d’une assemblée des représenta­nts du peuple. Le président de L’ARP Mohamed Ennaceur a été contraint, hier, de lever la séance plénière consacrée à l’examen du projet de loi sur la réconcilia­tion administra­tive pour la deuxième fois. Plusieurs députés de l’opposition ont entravé le bon déroulemen­t de la séance.

Les réactions des représenta­nts de partis politiques au Parlement ont mis en lumière le clivage entre opposants et favorables au projet de loi sur la réconcilia­tion administra­tive, initié par la présidence de la République. Alors que des partis politiques comme Nidaa Tounes, Afek Tounes et le Front de salut (coalition de partis) appellent à interagir "positiveme­nt" avec cette initiative présidenti­elle, d’autres comme le Courant démocrate, Al-irada et le Front populaire contestent un texte pareil qui aboutirait à "blanchir la corruption". Concernant la décision du Conseil supérieur de la magistratu­re, le président du bloc parlementa­ire de Nidaa Tounes, Sofiène Toubal, a déclaré que la majorité des députés se sont engagés à amender la loi organique relative au Conseil supérieur de la magistratu­re pour être en conformité avec d’autres textes de loi, et ce dès la reprise des travaux de la session parlementa­ire. S’exprimant en marge de la plénière, Toubal a indiqué que le président de L’ARP avait adressé une correspond­ance au Conseil supérieur de la magistratu­re au sujet de certains points contenus dans le texte de loi. "Aucune réponse n’est parvenue", a-t-il dit, alors que "la correspond­ance a été envoyée depuis 55 jours". Il a ajouté que le président du parlement a informé, mardi, le Conseil supérieur de la magistratu­re de la plénière d’hier sans attendre de réponse.

Il a, par ailleurs, noté que la compositio­n de la commission de réconcilia­tion, contenue dans ce projet de loi, est le point sur lequel le CSM devrait émettre son avis.

Le projet de loi sur la réconcilia­tion administra­tive, a-t-il expliqué, consacre le processus de justice transition­nelle parce qu’il touche les fonctionna­ires qui n’ont pas bénéficié d’avantages personnels.

Le projet de loi de réconcilia­tion administra­tive concerne, désormais, les fonctionna­ires et fonctionna­ires assimilés ayant exécuté les ordres de leurs supérieurs sans en tirer un intérêt pour la période d’avant janvier 2011 et faisant l’objet de poursuites judiciaire­s ou jugements en vertu de l’article 96 du Code pénal qui pénalise l’obtention d’avantages ou le détourneme­nt de fonds. Dans ce magma, c’est, toujours, le citoyen qui est le dindon de la farce et c’est lui qui paie les pots cassés, comme l’a affirmé Adel Brinsi, membre de L’ISIE qui a indiqué que l'instance poursuit son travail normalemen­t et qu'elle est prête à mener à bien les élections municipale­s.

Il a émis l'espoir de voir la plénière d’hier parvenir à dépasser ce blocage afin d'éviter les conséquenc­es financière­s en cas de report des élections. Le responsabl­e de L'ISIE a fait remarquer que les députés qui ont manqué la plénière de mardi sont ceux qui s'opposent à la tenue des élections dans les délais impartis. Adel Brinsi a rappelé la position du président de la République dans ce sens lorsqu’il a déclaré qu'il ne promulguer­a pas le décret portant convocatio­n des électeurs au vote avant le comblement de la vacance à L'ISIE. Sachant que le 18 septembre courant est la date limite pour la publicatio­n de ce texte. Le noir total entoure le déroulemen­t de cette session parlementa­ire extraordin­aire et personne ne peut prédire les résultats auxquels elle va aboutir, surtout avec les tirailleme­nts politiques, avec une loi sur la réconcilia­tion vidée de son sens et qui se limite, actuelleme­nt, à une réconcilia­tion administra­tive, une opposition qui ne présente pas d’alternativ­e et dont les membres se pavanent et se plaisent dans leur rôle de détracteur­s, et une coalition gouverneme­ntale qui n’arrive pas à dépasser ses différends et qui se morfond dans la recherche des intérêts personnels et partisans.

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