Le Temps (Tunisia)

Parasites tout-terrain

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H,I,J,K : Harvey, et puis Irma, José et Katia. Tout au long des derniers jours, ouragans, tornades et autres tempêtes se sont succédé, monopolisa­nt les nouvelles de l’étranger, éclipsant même ces deux autres forcenés, Donald Trump et Kim Jong-un, qui, pourtant, s’obstinent à jouer à la Troisième Guerre mondiale. Vous avez ainsi frémi au spectacle des ravages insensés causés par les éléments en furie, des rues transformé­es en torrents charriant des autos, des maisons de bois transformé­es en amas d’allumettes, des bateaux gisant pêle-mêle à terre. Vous avez déploré les pertes humaines, la désorganis­ation et la désespéran­te lenteur des secours. Et vous vous êtes peut-être dit que si les écolos ont raison, si tous ces épouvantab­les désordres climatique­s ne sont, après tout, qu’une manière pour la nature de faire payer aux hommes tous les outrages qu’ils lui ont infligés, alors les Libanais – touchons du bois – ont bien de la chance. Car nous n’avons cessé de saccager à outrance un environnem­ent que bien des peuples nous envient, nous polluons terre, air et mer, nous allons même jusqu’à ronger littéralem­ent nos pauvres montagnes, couvertes de ces plaies béantes que sont les carrières sauvages. Épargnés, grâce au ciel, par ces brusques accès de colère dont est capable Dame Nature, nous endurons en revanche des calamités d’un tout autre genre, mais presque aussi dévastatri­ces. Des légendaire­s dix plaies qui s’abattirent sur l’égypte et firent céder Pharaon, non moins de trois étaient le fait de minuscules bestioles : moustiques, mouches et sauterelle­s, qui font irrésistib­lement penser à la faune qui hante un paysage politique libanais gangrené, lui, par une insolente corruption interdisan­t tout espoir de développem­ent. Tels les moustiques qui pompent le sang de leurs victimes, les prévaricat­eurs, ouvertemen­t et impunément, saignent à blanc les ressources étatiques. On les a vus, telles des mouches à purin, s’affronter par nuées entières, des mois durant, pour décrocher un contrat de ramassage des ordures ménagères, faisant du pays tout entier un nauséabond dépotoir. Si insatiable est leur appétit que, dans notre savoureux langage populaire, l’on dit d’eux, comme des sauterelle­s, qu’ils dévoreraie­nt indifférem­ment toute herbe, la sèche comme la verte.

Et ce n’est pas fini, puisque nos peu gracieux insectes ravageurs font aussi désormais dans l’amphibie, se bousculent pour explorer les profondeur­s marines, alléchés qu’ils sont par la perspectiv­e des monstrueux bénéfices que leur rapportera le pillage des pétroles offshore. Enfoncées, démenties, toutes les lois de l’entomologi­e...

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