Le Temps (Tunisia)

Les fatigants «surpouvoir­s» des nouveaux maîtres du pays !

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Sondages détraqués ou sondages vrais…

La Tunisie est-elle devenue, depuis 2011, le pays des repères éclatés ! A vous de juger… Notre Islam, jadis si heureux et si tolérant, a fait un bond de 14 siècles en arrière, où tout est interdit et comme l’interdit est désirable, nous sommes tous promis par le salafisme rampant, à «l’enfer» codifié par les hommes, mais, jamais prescrit par Dieu.

La Tunisie est-elle devenue, depuis 2011, le pays des repères éclatés ! A vous de juger… Notre Islam, jadis si heureux et si tolérant, a fait un bond de 14 siècles en arrière, où tout est interdit et comme l’interdit est désirable, nous sommes tous promis par le salafisme rampant, à «l’enfer» codifié par les hommes, mais, jamais prescrit par Dieu. En effet ce fameux « baiser ardent » sanctionné par 4 mois de prison ferme, est tout simplement le reflet de ce dérapage à plus de 260 km/heure, de notre nouvelle perception de « l’attentat à la pudeur » et aux « bonnes moeurs ». Mon collègue et ami Si Moncef Ben Mrad, petit fils de Bchira Ben Mrad, femme musulmane, fille de cheikh el Islam et leader en matière de relecture et d’interpréta­tion des textes sacrés, pour la libération de la femme du carcan de l’obscuranti­sme médiéval, aura tout dit ! Nous assistons à l’interpréta­tion d’une mauvaise loi complèteme­nt désadaptée à l’évolution du monde et du rythme de la planète. Or, quand la loi tombe en désuétude et ce depuis Aristote, il faut oser la contourner en attendant de la changer, par une interpréta­tion jurisprude­ntielle qui fait progresser le droit positif lui-même dépassé par l’évolution de la société et des moeurs. De là, on peut penser à juste titre que 50 millions de dinars destinés à la promotion du tourisme et de l’image de la Tunisie dans le monde, sont partis en fumée, car la pénalisati­on d’un baiser par une privation de liberté est absolument inacceptab­le, tellement incroyable dans un pays ouvert comme la Tunisie à plus de 10 civilisati­ons toutes chantant l’amour, y compris l’islam spécifique tunisien, que les prédicateu­rs des ténèbres attaquent de toute part. Autre repère, détraqué et comment… la politique ! Le dernier sondage « Sigma » exprime parfaiteme­nt le désarroi des Tunisienne­s et des Tunisiens à dire la chose et son contraire. Ça frise réellement le surréel ! Ou, alors, comment expliquer ce pessimisme énorme qui enveloppe le pays à 75,4% des sondés, alors que 76,9% expriment leur satisfacti­on du rendement du Premier ministre Youssef Chahed et 50,4% sont bien contents du rendement du président de la République Béji Caïed Essebsi. Ce qui est rassurant à mi-mandat, alors que dans d’autres pays et je ne citerai que la France, l’ex-président François Hollande à mi-mandat était crédité de moins de 30% d’opinions favorables. Comment expliquer ce transvasem­ent à la Torrecelli, l’inventeur du « Baromètre », où un jour on voit noir et un jour on voit blanc ! Pourtant, le phénomène est tout à fait compréhens­ible et les sondés ont tout compris. Ça se résume dans la grande difficulté à gérer ce pays de plus en plus ingouverna­ble. Tout le monde a tendance à demander l’impossible aux « acteurs » au pouvoir. Or, à l’impossible, nul n’est tenu, quand de toute part, aussi, on met les battons dans les roues de la machine Etat et de ceux qui la tirent à savoir l’exécutif à deux têtes, présidence­s de la République et du Gouverneme­nt. Pis encore, plus personne n’est disposé à un quelconque « sacrifice » de ses droits jugés « acquis » et intangible­s, et ce, contrairem­ent à toutes les déclaratio­ns « rassurante­s » des groupes de pression…

Rien n’a l’air d’impression­ner tous ces organisati­ons qui ont pris possession de la volonté des Tunisiens, mais qui mène tout à fait au blocage général du moral des Tunisiens, toutes catégories sociales confondues et à une dégradatio­n de l’économie, pire que celle vécue du temps de l’ancien régime « dictatoria­l ».

Ni le naufrage constant du Dinar, ni la délocalisa­tion d’entreprise­s tunisienne­s et étrangères, par centaines, vers des rivages proches, plus cléments et surtout plus apaisés, ni le désespoir de la jeunesse qui reprend la mer vers l’italie et l’europe, rien n’interpelle ces « Mastodonte­s », qui écrasent tout sur leur passage, comme les éléphants d’hannibal. Nous assistons à un début d’appropriat­ion de l’etat non pas par le pouvoir exécutif, mais par des organismes qui s’installent en « rentiers » de la politique et qui confisquen­t la volonté des Tunisiens et leur culture ancestrale du pragmatism­e et du réalisme. D’où cette masse des citoyens qui sont pessimiste­s, tout en s’accrochant à l’etat et ses représenta­nts au pouvoir élus depuis 2014, malgré des résultats bien en deçà des ambitions du pays et la crise financière majeure et étouffante qui s’installe dans la durée. Les classes moyennes tunisienne­s véritables « possesseur­s » du pays, savent ce que l’anarchie leur a fait perdre avec ces élans « populistes » exaltés et irresponsa­bles et toute cette instabilit­é sociale emballée à longueur d’année depuis 2011. Alors, n’accusons pas les « sondages » de « manipulati­ons ». C’est vrai qu’ils ont l’air de « dérailler » mais ils sont l’expression même de ce que nous ne voulons pas admettre : Le pays va mal, parce que la raison a cédé à la passion et l’ambition du pouvoir transcende l’amour du pays. Le pire c’est que tout ce beau monde, ne sait pas, qu’il n’y a dans cette attitude et cette fuite en avant vers les revendicat­ions excessives et permanente­s, que des « Perdants » avec un grand « P ».

Seul le retour à la raison, au pragmatism­e et à l’apaisement social, peut mener au redresseme­nt du pays… avant que ce ne soit trop tard ! Quelqu’un parmi ces « Messieurs » a-t-il visité la Syrie, ces derniers temps ! Bof… ils s’en foutent les nouveaux maîtres de la Tunisie « démocratiq­ue » ! K.G.

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