Le Temps (Tunisia)

Esquive et agressivit­é de Laârayedh

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Le Tribunal de première instance de Tunis a décidé, mardi, de reporter le procès de l’affaire de l’assassinat de Mohamed Brahmi au 28 décembre prochain. A l’issue de l’audience, l’avocate Leila Haddad, membre du comité de défense du martyr, a déclaré que des pièces à conviction ont été volées du Tribunal ; il s’agit de l’ordinateur portable d’ahmed Rouissi (l’un des accusés) et d’un enregistre­ment vocal où l’on entend un autre suspect déclaré qu’il ne témoignera qu’en la présence d’ali Laârayedh, chef du gouverneme­nt à l’époque de l’assassinat en question. Le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a récemment donné une déclaratio­n médiatique où il a énuméré les dépassemen­ts, les violences et les meurtres survenus à l’époque de la Troïka . Des événements de la chevrotine à Siliana jusqu’aux incidents du 9 avril 2012 en passant par les assassinat­s de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, Hammami a exigé que les dirigeants du mouvement islamiste d’ennahdha répondent de leurs actes et devant l’opinion publique et devant les tribunaux. Invité à la radio Shems FM, l’actuel vice-président d’ennahdha et député de son bloc parlementa­ire, Ali Laârayedh, a répondu aux propos du porte-parole du Front populaire en choisissan­t une attitude défensive des plus ridicules. L’ancien ministre de l’intérieur s’est attaqué à Hammami en l’accusant d’avoir pour unique programme à offrir au peuple l’attaque d’ Ennahdha qui est impliqué dans la lutte contre la pauvreté et fait tout pour que le développem­ent, la prospérité et la paix soient réinstauré­s dans le pays. Pour lui, la déclaratio­n de Hamma Hammami est infondée puisque l’intéressé se base uniquement sur des allégation­s n’ayant aucune preuve. Ali Laârayedh a fait exprès de zapper l’informatio­n (ancienne) annoncée par Hammami qui a rappelé que le doyen des avocats à l’époque, Me Chawki Tabib, avait adressé une lettre au ministre de l’intérieur lui révélant que Chokri Belaïd se faisait suivre et qu’il était en danger. Une lettre tombée dans de sourdes oreilles exactement comme l’avertissem­ent adressé par la CIA à l’etat tunisien concernant la menace d’assassinat qui planait autour de feu Mohamed Brahmi. Un document révélé par les médias deux semaines après le meurtre et, à l’époque, tout ce qu’a trouvé le ministère de l’intérieur dirigé alors par Lotfi Ben Jeddou , c’est que le document avait été ‘perdu’ tout en menaçant de sanctions celui ou celle qui était derrière sa fuite aux médias. Face à ces vérités, Ali Laârayedh ne trouve rien de mieux à faire que de fuir en avant ; fuir de ses responsabi­lités et de celles de son mouvement qui, de 2012 à 2014, ont fait bien plus que semer le trouble et la violence dans le pays. Bien qu’ils ne veulent pas l’assumer, la situation économique défaillant­e que l’on subie aujourd’hui est causée directemen­t par leur période de règne : après presque trois ans de Troïka, nous nous sommes retrouvés avec un PIB perdu dans le marché parallèle, une fonction publique surchargée et une balance commercial­e complèteme­nt paralysée. Revenir sur ces faits nous renvoie, aussi, sur l’absurdité de ce système de gouvernanc­e que l’on nomme, cohabitati­on ! Salma BOURAOUI

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