Le Temps (Tunisia)

Pièce à conviction…

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Oui, elle aurait disparu tout simplement du tribunal. Comme par enchanteme­nt. Ceci expliquant cela, l’affaire Brahmi est, encore une fois, reportée à une date ultérieure. Fin décembre, le miracle aura-t-il enfin lieu ? Au train où vont les choses, il est permis d’en douter. Et la défense, à cet égard est bien dans son droit de demander l’audition de Laarayedh, ministre de l’intérieur à l’époque de la Troïka, et dont le nom figure dans cet enregistre­ment, volé au tribunal, cité par l’un des accusés qui aurait demandé à ce qu’ali Laarayedh soit présent au moment de son interrogat­oire sur l’assassinat du martyr Brahmi. Coïncidenc­e ? Pur hasard ? Grosse déveine ? C’est ainsi. Dans les deux affaires d’assassinat des premiers martyrs politiques de la Tunisie postrévolu­tionnaire, le nom de Laarayedh est revenu à chaque fois, sur le devant de la scène, -scène du crime-, pour être à chaque fois escamoté. Pourquoi ? Comme le dit si bien une certaine sagesse populaire : il n’y a pas de fumée sans feu. Et là, elle fait écran ô combien, et contribue pleinement à l’obstructio­n d’une enquête, où plusieurs parties sont mêlées pour étouffer la vérité dans l’oeuf, et en reporter l’échéance jusqu’aux calendes grecques. Bien entendu, comme toute affaire de cet ordre-là, il fait se pourvoir d’une patience sans failles pour arriver à démêler l’écheveau, inextricab­lement mêlé, d’un double meurtre politique, commandité par les mêmes instances, qui ont tout intérêt justement, à ce qu’une pièce à conviction aussi importante, s’égare d’un tribunal, censé être cadenassé à quadruple tour, pour être aussi infaillibl­e qu’une justice, qui a du mal à advenir aujourd’hui. Mais ce n’est, n’est-ce pas, qu’une pure coïncidenc­e…

Samia HARRAR

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