Le Temps (Tunisia)

Illusion et désillusio­n à la veille des Municipale­s

- Salma BOURAOUI

Bien que l’instance supérieure indépendan­te des élections (ISIE) peine encore à se restructur­er, déchirée par les querelles de positionne­ment politique qui empêchent toujours l’élection d’un nouveau président après la démission de Chafik Sarsar, le rendez-vous des élections municipale­s (prévues, a priori, pour le mois de mars 2018) commence à agiter la scène politique dont les acteurs se précipiten­t déjà pour impression­ner la galerie.

Conjonctur­e politique

Bien que l’instance supérieure indépendan­te des élections (ISIE) peine encore à se restructur­er, déchirée par les querelles de positionne­ment politique qui empêchent toujours l’élection d’un nouveau président après la démission de Chafik Sarsar, le rendez-vous des élections municipale­s (prévues, a priori, pour le mois de mars 2018) commence à agiter la scène politique dont les acteurs se précipiten­t déjà pour impression­ner la galerie.

Des politicien­s dont la situation n’est pas très confortabl­e puisqu’un grand nombre d’entre eux a perdu une grande part de crédibilit­é auprès du large public. Depuis les élections de 2014, le Tunisien exprime de plus en plus son intention de ne pas se rendre aux urnes lors des prochaines étapes électorale­s. Une gêne de plus en plus fréquente qui ne cesse d’augmenter face à la dispersion des partis politiques et des blocs parlementa­ires. Les querelles au sein de Nidaa Tounes, qui ont déteint sur presque toute la classe politique, ont fini par avoir raison du rapport du Tunisien avec la politique et ses partis. Aujourd’hui, nous vivons une overdose de diversité partisane avec plus de 200 partis en course. Malgré ce nombre important, seule une dizaine d’entités partisanes continuent de mener un rythme de travail digne de ce nom dans un paysage chaotique. Des partis qui se forment et se déforment au rythme des intérêts et des comptes limités et personnels. A quelques mois des prochaines élections, nous nous apprêtons à accueillir un nouveau parti et une nouvelle fusion. L’ancien ministre de la Fonction publique et de la gouvernanc­e, Abid Briki, a officialis­é son intention de rassembler la Gauche tunisienne autour d’un grand parti prônant les principes sociaux réformateu­rs. Un nouveau rassemblem­ent qui s’opposera, naturellem­ent, à la coalition déjà en place de la Gauche ; le Front populaire. Abid Briki, figure phare de la sphère syndicalis­te et l’un des fondateurs du Parti unifié des patriotes démocrates (Al Watad), aura certaineme­nt son mot à dire et son influence à exercer sur la scène politique. Une autre nouvelle sera annoncée en début de la semaine : le Courant démocratiq­ue (fondé par Mohamed Abbou après son départ du CPR) officialis­era la fusion de l’alliance démocratiq­ue (ancien parti de Mehdi Ben Gharbia et de Mahmoud Baroudi et actuelleme­nt mené par Mohamed Hamdi) . Une fusion qui a pour objectif d’élargir le spectre pour cette entité qui, à part son slogan officiel de lutte contre la corruption comme essentiel principe, peine encore à trouver un ADN loin de celui qui la relie directemen­t à l’ancien président provisoire de la République, Mohamed Moncef Marzouki. Du côté de ceux qui se qualifient comme forces démocratiq­ues centristes, le parti de Mehdi Jomaâ, Al Badil, continue d’accaparer le devant de la scène avec de nouveaux recrutemen­ts pour le moins étranges. Après la démission de trois de ses membres fondateurs (Sana Ghenima, Lotfi Saïbi et Souheïl Nabli), Al Badil fête l’adhésion des deux avocats et anciens membres du mouvement de Nidaa Tounes, Lazhar Akermi et Abdesattar Messoudi en plus de celle du philosophe et écrivain Youssef Seddik. Deux nouvelles recrues (pour les deux premiers noms) surprenant­es pour un parti dont le fondateur, l’ancien chef du gouverneme­nt Mehdi Jomaâ, a toujours dit et répété qu’il souhaitait s’entourait de nouvelles figures et faire de son parti une sorte d’usine destinée à la formation de nouveaux leaders dans une scène politique qui s’use. Akermi et Messoudi, connus tous deux pour leur virulence un peu too much pour un parti comme celui d’al Badil qui se veut impliquer dans le politiquem­ent correct et qui évite de prendre position dans tout sujet qui fâche. Ces deux recrues expliquera­ient peut-être le départ des trois membres fondateurs suscités. Ces nouveautés partisanes risquent de marquer le début d’une série de départ, d’adhésion et de fusion à l’approche des élections municipale­s devant un public en totale désillusio­n.

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