Le Temps (Tunisia)

Les retraits des Etats-unis ne sont pas aussi isolés que l'on pense

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Depuis que les Etats-unis sont dirigés par Donald Trump ils ont quitté, ou menacent de le faire, des accords internatio­naux que son prédécesse­ur Barack Obama et son administra­tion ont pourtant négociés et signés en leur nom. C’est ainsi qu’ils se sont retirés du partenaria­t transpacif­ique (TPP), vaste traité de libre-échange en Asie-pacifique, de l’accord de Paris sur le climat, de celui de libre-échange nord-américain (ALENA) et depuis jeudi de l’unesco, organisati­on onusienne, au prétexte selon la Maison Blanche qu’elle serait « anti-israélienn­e ». Cette politique de remise en cause d’accords auxquels l’amérique avait souscrit suscite malaise et même franche opposition tant dans la classe politique états-unienne qu’au sein de la communauté internatio­nale. Dans ces milieux, les désengagem­ents auxquels procède le président américain sont perçus comme accréditan­t l’opinion qu’avec lui à la Maison Blanche l’amérique est dans le « repli sur soi » et l’affaibliss­ement de sa parole et de sa crédibilit­é au plan internatio­nal. En s’acharnant à détricoter les engagement­s internatio­naux phares pris par Barack Obama, son successeur ne fait pas en effet que remettre en cause la politique étrangère que ce dernier a suivie. Il confirme surtout qu’il a à coeur de faire du slogan « l’amérique en premier » qui a été celui sa campagne électorale le socle doctrinal de la politique étrangère de l’amérique sous son administra­tion. Quitte à bafouer le droit internatio­nal dont il exige avec force menaces le respect par les autres acteurs qui font des interpréta­tions en la matière divergente­s des siennes. A ce jeu-là, ce ne sont pas la Russie, la Chine et les autres puissances dont Donald Trump dénonce à tout bout de champ le non respect du droit internatio­nal qui sont dans l’isolement, mais c’est l’amérique qui s’y enfonce en suscitant contre sa politique étrangère leurs opposition­s et celle d’une majorité de la communauté internatio­nale y compris d’etats dont le suivisme pro-américain tient pourtant lieu de position diplomatiq­ue et plus. C’est qu’à tous il apparaît que l’amérique de Donald Trump est en train de faire un retour sur la voie d’une politique étrangère ne concevant de gouvernanc­e des affaires du monde que celle qui se plie aux volontés qui sont les siennes. Cette conception qu’a Donald Trump de la relation des Etats-unis au reste du monde lui vaut d’être considéré de plus en plus ouvertemen­t comme étant l’homme d’etat dont les agissement­s et décisions mettent la paix du monde en péril en violant l’équilibre même imparfait de l’ordre internatio­nal tel qu’il se présentait avant son arrivée à la Maison Blanche. Ce dont ceux qui le voient ainsi pourraient en avoir l’amère et dangereuse confirmati­on si Donald Trump décide comme cela est attendu et redouté de dénoncer l’accord internatio­nal sur le nucléaire iranien. En le faisant, il ouvrirait inéluctabl­ement la voie à un enchaîneme­nt d’événements qui conduirait à la confrontat­ion directe entre l’amérique et l’iran et par voie de conséquenc­e plongerait le Moyenorien­t dans un chaos encore plus dramatique que celui qui est le sien présenteme­nt. Trump ne paraît pas s’inquiéter que son reniement de cet accord débouche sur cette situation, convaincu qu’il est que le droit de régenter le monde dont il estime l’amérique investie légitime qu’elle viole ses engagement­s internatio­naux et fasse usage de sa puissance militaire pour imposer ses volontés aux autres

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