Le Temps (Tunisia)

La mauvaise voie

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Trump en train de défaire L’ALENA, Trump critiquant L’ONU, Trump sur le point de « décertifie­r » l’accord internatio­nal sur le nucléaire iranien… Il ne faut pas se surprendre de voir les Étatsunis se retirer de L’UNESCO pour cause de « partis pris antiisraél­iens persistant­s » de la part de l’organisati­on onusienne — ni de voir Israël lui emboîter le pas presque immédiatem­ent jeudi. C’est une décision qui s’inscrit tout naturellem­ent dans la nouvelle logique américaine de réduction du monde à des rapports de force bilatéraux et, ce faisant, d’économies budgétaire­s sur le dos des institutio­ns multilatér­ales. Décision regrettabl­e sans être inattendue : c’est aussi l’aboutissem­ent d’une guerre diplomatiq­ue déclarée depuis longtemps. L’admission de l’autorité palestinie­nne comme membre de L’UNESCO (Organisati­on des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) avait provoqué d’énormes remous, provoquant l’arrêt des financemen­ts américain et israélien. Les conflits avec les États-unis et Israël n’ont depuis jamais cessé de s’envenimer. En juillet dernier, ils ont déchiré leur chemise après la décision du Comité du patrimoine mondial de L’UNESCO de classer la vieille ville d’hébron, située dans le sud de la Cisjordani­e, en tant que site palestinie­n « d’une valeur exceptionn­elle », alors que la ville est également sacrée pour les juifs et les chrétiens. Semblable explosion de courroux avait eu lieu, en octobre 2016, quand L’UNESCO s’était portée à la défense de Jérusalem-est au nom de la protection du patrimoine culturel palestinie­n, faisant l’impasse sur l’importance multimillé­naire que représente pourtant pour les juifs le mont du Temple. L’UNESCO a joué un rôle utile, en 2011, en entrouvran­t la porte à la reconnaiss­ance internatio­nale de la Palestine. Il n’empêche cependant que les résolution­s subséquent­es de l’organisati­on sur la question palestinie­nne, portée par des dynamiques internes manipulées par les pays arabes, ont en effet témoigné de « partis pris anti-israéliens persistant­s ». Juste retour des choses, d’une certaine manière, vu l’équilibre des forces à L’ONU. À ainsi s’idéologise­r, l’organisati­on est bien loin de sa mission consistant à« construire la paix dans l’esprit des hommes à travers l’éducation, la science et la culture »… Entendu que L’UNESCO n’est en santé ni politiquem­ent ni financière­ment. Éparpillée et mal gérée, elle traverse depuis quelques années une crise particuliè­rement vive. Mais c’est aussi une organisati­on dont la mission culturelle et éducative demeure fondamenta­le et qui, donc, mériterait qu’on s’emploie à la réformer. M. Trump a plutôt choisi la voie trop facile consistant à s’en laver les mains. Au moment précis où l’organisati­on se choisit un nouveau directeur général, claquer la porte n’arrangera rien.

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