Le Temps (Tunisia)

Ettakatol et le P.T. dénoncent la promulgati­on de la loi

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Le Parti Ettakatol a estimé que le président de la république a délaissé son rôle d'arbitre garant de la constituti­on, de sa primauté et de l'unité des Tunisiens en paraphant mardi la loi de réconcilia­tion administra­tive. Dans une déclaratio­n rendue publique mercredi le parti, qui avait fait partie de la Troïka au pouvoir après la révolution de 2011, a fustigé "l'atteinte portée au processus de la justice transition­nelle initiée par la constituti­on en tant qu'un système que l'etat s'engage à mettre en vigueur dans tous les domaines et visant à réaliser la réconcilia­tion nationale, intégrale et véritable après le démantèlem­ent du système de corruption et la reddition des comptes".

Il a dénoncé d'autre part "l'atteinte des institutio­ns de l'etat et de leur crédibilit­é en exerçant des pressions sur l'instance provisoire de contrôle de la constituti­onnalité des projets de loi et le rejet de l’avis du conseil supérieur de la magistratu­re".

Ettakatol, dirigé désormais par Khalil Zaouia au terme de son dernier congrès, a mis en garde contre "la consécrati­on de l'impunité et de la corruption au lieu de la combattre et le respect des dispositio­ns de la convention des Nations Unies de lutte contre la corruption adoptée par la Tunisie en 2008".

"Cette loi (de réconcilia­tion) n'instaurera pas un climat propice à l'investisse­ment et au développem­ent de l'économie nationale mais encourager­a la corruption", estime le parti, affirmant que les pots-devin, le népotisme et l'impunité sont le vrai fléau qui gangrène et l'économie freine son décollage. Le Parti des Travailleu­rs a condamné, également, la signature par le chef de l'etat de la loi sur la réconcilia­tion "qui a divisé le peuple tunisien, a porté un coup à la justice transition­nelle, a consacré l'impunité et a récompensé les symboles de la corruption pour avoir soutenu le président de la république, son parti et sa coalition au pouvoir". "Le projet de loi sonne comme un feu vert à la contre-révolution pour reprendre son influence aux dépens des droits des victimes de la dictature et de la corruption, et des droits du peuple en général", relève le P.T

Il a fustigé d'autre part la position de l'instance provisoire de contrôle de la constituti­onalité des projets de loi "qui a pris fait et cause pour le pouvoir exécutif et la majorité au pouvoir, ce qui porte atteinte à sa crédibilit­é, affaiblit son rôle, exige d'accélérer l'installati­on de la cour constituti­onnelle et de mettre un terme à la mission de cette instance". "L'adoption de la loi sur la réconcilia­tion en matière administra­tive fait partie d'un plan de la coalition de droite au pouvoir visant à noyauter les instances constituti­onnelles pour les empêcher de jouer leur rôle et finalement contre carrer le processus de la transition démocratiq­ue vers l'instaurati­on d'un régime politique présidenti­el", estime le parti.

Il a appelé le peuple tunisien et toutes les forces vives "à redoubler de vigilance, à relancer l'action civile, populaire et pacifique pour abolir cette loi et à faire face aux menaces qui pèsent sur le pays et le peuple à tous les niveaux dont sont responsabl­es les partis Nidaa et Ennahdha".

Réunie le 17 octobre, l'instance provisoire de contrôle de la constituti­onnalité des projets de loi (IPCCPL) a décidé de renvoyer le projet de loi organique n°2015-49 relatif à la réconcilia­tion administra­tive au président de la République, en l'absence de la majorité des voix requises pour statuer sur les recours intentés contre ce texte, qui l’a finalement paraphé mardi.

Le projet de loi controvers­é sur la réconcilia­tion administra­tive adopté en septembre dernier par 117 députés, à l’issue d’une journée de débat houleux, accorde une amnistie aux fonctionna­ires accusés d’être impliqués dans des faits de corruption administra­tive et n’ayant pas touché de pots-de-vin, rappelle-t-on.

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