Libération de huit personnes poursuivies pour terrorisme
La justice turque a ordonné la remise en liberté sous caution de huit accusés, dont la directrice d’amnesty International en Turquie et deux ressortissants étrangers, en attendant le jugement dans le procès où ils sont accusés de terrorisme. Ce procès qui concerne onze personnes, risquant jusqu’à 15 années d’emprisonnement si elles sont reconnues coupables, est devenu un sujet tension entre la Turquie et l’europe. La plupart des accusés ont été arrêtés en juillet alors qu’ils participaient à une conférence sur la sécurité informatique sur une île au large d’istanbul. Le ministère public a présenté une série de chefs d’accusation dont des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou avec le réseau du prédicateur Fethullah Gülen que le président Recep Tayyip Erdogan accuse d’être l’instigateur du putsch manqué en juillet 2016.
Parmi les personnes libérées mercredi figurent Idil Eser, la directrice d’amnesty International en Turquie, le militant allemand Peter Steudtner, et le Suédois Ali Gharavi.
Selon les termes de leur remise en liberté conditionnelle, Steudtner et Gharavi ne sont pas obligés de rester en Turquie avant leur prochaine audience, prévue le 22 novembre. Le président de la branche locale d’amnesty International, l’avocat Taner Kiliç, reste détenu dans la province d’izmir sous d’autres chefs d’accusation. En plus de ces huit libérations, deux des accusés ont en outre été remis en liberté mercredi avant le début du procès. «Je pense que nous sommes tous plus que soulagés», a déclaré Steudtner à des journalistes à sa sortie de la prison de Silivri, en bordure d’istanbul. «Nous sommes vraiment reconnaissants envers toutes les personnes qui nous ont soutenu juridiquement (et) diplomatiquement.» L’allemagne, dont les relations avec la Turquie se sont fortement détériorées récemment, a salué la décision tout en restant prudente sur le bilan d’ankara en matière de droits de l’homme. «C’est un signal encourageant, un premier pas», a déclaré dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, ajoutant que nombre de ressortissants allemands restaient emprisonnés sans raison en Turquie.
«La libération sous caution d’idil Eser et des ‘10 d’istanbul’ est une importante victoire pour la justice et les droits humains en Turquie. Mais elle ne doit pas nous faire oublier qu’aucun d’eux n’aurait dû passer un seul jour en prison», a réagi pour sa part Sylvie Brigot-vilain, directrice d’amnesty International France, dans un communiqué. Plus de 50.000 personnes ont été emprisonnées par les autorités turques dans l’attente d’un procès, dans le cadre de la vague de répression qui a suivi le putsch manqué, il y a plus d’un an.