Incertitudes sur les intentions du Parlement catalan
C’est le brouillard épais, ce jeudi 26 octobre 2017 en Catalogne. Le Parlement catalan doit se réunir en fin d’après-midi, et le Sénat espagnol prononcer la mise sous tutelle de la région autonome demain. Carles Puigdemont, président de la Generalitat, devait s’exprimer publiquement en amont en début d’après-midi mais son discours a été annulé à la dernière minute.
Le président de la Generalitat devait annoncer très vite la dissolution du Parlement catalan et la convocation d’élections régionales à la fin de l’année. Le journal La Vanguardia avançait même la date du 20 décembre. De quoi couper l’herbe sous le pied du pouvoir central, alors qu’une commission sénatoriale doit justement se réunir ce jeudi après-midi pour mettre en place le fameux article 155 de la Constitution. Mais la région autonome a annulé le discours du président.
De leur côté, les 27 sénateurs espagnols membres de la commission vont pourtant bien commencer à débattre sur la suspension de l’autonomie de la Catalogne dès hier. La chambre haute se réunira ensuite aujourd’hui en séance plénière pour ce vote historique. Carles Puigdemont a d’ores et déjà annoncé mercredi qu’il n’irait pas au Sénat. Mais si tout laissait à croire que c’était parce qu’il entendait déclarer l’indépendance au même moment, on n’y voit désormais plus rien.
Des intermédiaires basques espagnols chez les Catalans Selon El Periodico, c’est le président du gouvernement basque espagnol, Iñigu Urkullu, avec une délégation d’hommes d’affaires et de représentants de la société civile partisans du dialogue, qui aurait agi comme médiateur auprès de Carles Puigdemont pour le persuader de ne pas déclarer l’indépendance devant son Parlement et d’appeler à des élections anticipées. Mais la colère gronde : des indépendantistes sont massés sur la place devant la Generalitat. Mercredi, Carles Puigdemont avait convoqué vers 19 h plusieurs membres de sa famille politique pour se mettre d’accord sur une déclaration de sécession. La réunion s’était déroulée au palais de la Generalitat, devant lequel se trouvaient à ce moment-là déjà quelque 700 professeurs qui manifestaient contre l’article 155. Etaient conviés à cette rencontre plusieurs conseillers, des députés du groupe parlementaire de la coalition indépendantiste « Ensemble pour le oui », des représentants de Barcelone et l’exprésident de la région, Artur Mas.
A l’issue des réunions, c’est sur Instagram que Carles Puigdemont avait annoncé officieusement sa décision. Il avait publié une photo de cette rencontre assortie de la phrase suivante : « Ne perdons pas de temps avec ceux qui ont décidé de détruire l’autonomie de la Catalogne, continuons ». Du coup, les spéculations autour d’une probable déclaration d’indépendance étaient allées très vite bon train, explique notre envoyée spéciale à Barcelone, Leticia Farine. Pendant que le Sénat espagnol
enclenche l’article 155... D’autant que le message du président de la Generalitat se terminait avec le hashtag#catalanrepublic. Une légende qui laissait donc très peu de doutes sur les intentions du président à ce moment-là. D’autant que l’assemblée parlementaire, qui devait tout d’abord siéger ce jeudi matin à 10 h, avait été déplacée à 16 h puis à 17 h. Une session qui devait se poursuivre jusqu’à aujourd’hui.