Ce pays où tout va de travers
La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) vient de perdre son appel contre la radio pirate extrémiste «Al Quran Karim».
La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) vient de perdre son appel contre la radio pirate extrémiste "Al Quran Karim". Un appel intenté par l’instance après qu’elle a perdu l’affaire en première instance auprès du Tribunal administratif ; la HAICA voulait confisquer le matériel de ladite station qui, à part de diffuser illégalement son contenu, possède un émetteur et d’autres matériaux ramenés, de l’étranger, d’une manière clandestine. Contacté par Le Temps, une source proche de l’instance nous a expliqué que l’appel a été rejeté pour vice de forme, puisque l’avocat de la radio pirate a été changé à deux reprises ainsi que l’adresse de son siège principal. Selon notre interlocuteur, et en dépit de cet échec, la HAICA compte continuer sa bataille contre la radio pirate en déposant un nouveau recours contre le verdict du Tribunal administratif. De notre côté, nous nous sommes branchés sur les fréquences de ‘Al Quran Karim’ pendant plus de quatre heures et ce qui nous y avons découvert était assez surprenant ; au cours d’une émission et pour fêter cette victoire, il a été décidé de dédié l’antenne aux auditeurs. Tout au long des quatre heures d’antenne, les coups de fil ne se sont arrêtés que pendant quelques minutes pendant lesquels l’animateur lisait les commentaires laissés par le fan club de la radio sur les pages réseaux sociaux de cette dernière, nous avons eu l’amer plaisir de découvrir des interventions fascistes, extrémistes et appelant à la haine et à la guerre.
Pendant les quatre ans de supplice, les intervenants ainsi que l’animateur s’en sont pris à coeur joie en traitant la HAICA de diabolique mécréant ayant choisi de combattre dieu, sa religion et ses serviteurs tout en remerciant les honnêtes juges qui, même s’ils s’égarent de la juste voie par moment, finissent toujours par donner raison à la volonté divine et à contrer tous ceux qui veulent du mal à l’islam. L’animateur est même allé jusqu’à faire un exposé sur cette instance diabolique qui, tout en refusant l’existence de cette radio, continue d’accorder des visas aux chaînes de télévision et de radio qui visent à instaurer les mauvaises moeurs venues d’ailleurs auprès d’un peuple pourtant musulman et conservateur. Des discours d’une haine et d’un extrémisme sans pareil auprès d’un public déchaîné cherchant à s’approprier une certain sacralité divine pour s’accaparer une légitimité exclusive risquant, ainsi, de cliver encore plus cette société qui peine toujours à avancer et à se défaire de son débat identitaire stérile et creux. Alors que nous lui parlions de ce qui se passait sur les ondes de la radio pirate, notre source nous a interrompus pour nous dévoiler une information des plus choquantes ; selon elle, l’un des cheikhs/animateurs de cette radio, est prestataire de service auprès du ministère chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et des droits de l'homme (et donc auprès de la présidence du gouvernement) sur une plateforme de projet visant à … combattre la haine, la division et l’extrémisme !
Toujours selon interlocuteur, cette radio pirate et son propriétaire seraient soutenus par des partis politiques qui font tout afin que la station puisse continuer sa diffusion peu importe son statut. Une affaire de plus qui s’ajoute à tous les dépassements et à tous les dossiers qui risquent, d’un instant à l’autre, d’exploser et d’entraîner des incidents malheureux que personne ne pourra rattraper plus tard.