Le Temps (Tunisia)

A part ça, tout va bien…

- Samia HARRAR

La scène politique comme au cinéma. Intéressan­t le spectacle, jusqu’à un certain point. Après, il y a comme une saturation. Une overdose du sens comme de la forme. L’on a envie, du coup, de revenir à l’époque du muet : ça permet au moins de se fendre la pêche. Car devant toutes ces gesticulat­ions, inutiles et pathétique­s, et qui suintent l’ennui à force de répétition, une seule envie : prendre la clé des champs. A moins de prier ardemment, pour ne pas froisser la sensibilit­é des comédiens qui se donnent en spectacle, qu’un mécanisme secret fasse tomber le rideau bien avant l’heure, sonnant la fin d’une représenta­tion qui n’aura que trop duré. Le citoyen-lambda s’en fout comme de l’an quarante de tous ces discours, disparates et contradict­oires qui lui chauffent les oreilles mais ne font rien pour améliorer son quotidien. Mais alors, il s’en fout comme pas possible, lorsque toutes ces palabres, politico-politiques ne se traduisent pas sur le terrain, par du concret qui viendrait contribuer, enfin, à adoucir sa lutte de tous les instants pour pouvoir assurer, lorsque par ailleurs l’on ne cesse de lui seriner, qu’il faut, pour être bon patriote, accepter de se serrer, chaque jour un peu plus, la ceinture, jusqu’à l’étrangleme­nt, dans cette Tunisie à deux vitesses, où même l’espoir a fini par choisir son camp. Préférant plutôt être du côté du manche plutôt que d’être obligé de faire bientôt la manche, en s’alignant du côté de ceux qui continuent à être du côté des perdants.

Il n’est pas fou l’espoir ! Il a tout compris, alors il a choisi son camp. Une malédictio­n ? Bipolarisa­tion par-ci, bipolarisa­tion par-là, un petit zeste de corruption, un bon esclandre houleux de temps en temps, histoire d’occuper un peu plus le terrain, et le tour est joué. En attendant, pour le citoyen-lambda, Godot, pour ne pas changer, est toujours inscrit aux abonnés absents…

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