Youssef Chahed à quitte ou double… !
L’UGTT ne cesse de monter au créneau et occupe, désormais, largement la place d’un «parti travailliste» de fait, de plus en plus imposant et pesant sur la vie politique, économique, et sociale du pays et sur les décisions du gouvernement ! Déjà, beaucoup chuchotent et murmurent que l’actuelle loi de finances 2018, tant contestée, par l’ensemble des acteurs économiques et les entreprises serait l’oeuvre du staff de la centrale ouvrière, braquée depuis M. Hassine Abassi, ancien secrétaire général, sur la fiscalité et la pression nécessaire sur le monde économique et des affaires, qui aurait pris une dimension «capitaliste» trop marquée, sans tenir compte des aspirations des travailleurs à une meilleure justice sociale.
L’UGTT ne cesse de monter au créneau et occupe, désormais, largement la place d’un «parti travailliste» de fait, de plus en plus imposant et pesant sur la vie politique, économique, et sociale du pays et sur les décisions du gouvernement ! Déjà, beaucoup chuchotent et murmurent que l’actuelle loi de finances 2018, tant contestée, par l’ensemble des acteurs économiques et les entreprises serait l’oeuvre du staff de la centrale ouvrière, braquée depuis M. Hassine Abassi, ancien secrétaire général, sur la fiscalité et la pression nécessaire sur le monde économique et des affaires, qui aurait pris une dimension «capitaliste» trop marquée, sans tenir compte des aspirations des travailleurs à une meilleure justice sociale. Mais de tout temps, le mouvement syndical tunisien a joué un rôle prépondérant dans cette étiquette du système politique tunisien depuis l’indépendance, progressiste et du centre gauche. Bourguiba, luimême, n’a pas hésité à propulser M. Ahmed Ben Salah, secrétaire général de L’UGTT, lui aussi, à la tête du mastodonte ministère du Plan, de l’economie et des Finances, pour engager le Néo-destour, parti de l’indépendance d’essence libérale, vers la voie «socialiste destourienne», à partir du fameux congrès de Bizerte en 1964. Par conséquent, L’UGTT a toujours été proche du pouvoir et feu Ahmed Tlili et Habib Achour étaient ministre pour le premier et membres du Bureau politique du parti destourien. Le leader fondateur Farhat Hached, a toujours voulu que L’UGTT soit un peu le «parti» de tous les Tunisiens, y compris, les commerçants puisqu’il a été à l’origine de la création de L’UTICA (syndicat des patrons). C’est ce qui a fait la spécificité du mouvement syndical tunisien, pas très concerné par la «lutte des classes» et encore moins par la «dictature du prolétariat». Mais, les temps ont changé depuis la révolution du jasmin «fané arabe». Beaucoup de cadres et d’élites, nouveaux de L’UGTT ont bu au marxisme, léninisme à l’université du temps de Ben Ali, en confrontation avec d’autres cadres et élites islamistes agissant parfois à la lumière du jour et parfois dans la clandestinité. Les uns feront les troupes gauchisantes de L’UGTT d’aujourd’hui, et les autres, les troupes libérales et conservatrices de Ennahdha le parti islamiste.
Certes, les «patrons» actuels de la centrale syndicale à l’image de MM. Taboubi et Mbarki, appartiennent toujours à l’école classique de L’UGTT de Hached, Tlili et Habib Achour, mais ils ont de plus en plus à faire à des cadres plus jeunes, plutôt pressés de prendre le contrôle de cette bonne et vieille mécanique de L’UGTT pour engager les «luttes des classes» et donner les couleurs de leurs rêves de jeunesse à la centrale ouvrière, en la poussant vers «la politique» et le socialisme d’etat des années 60 du siècle dernier ! L’impatience est très perceptible dans cette mobilisation active et incessante de MM. Yaâkoubi et Gammoudi qui font la pluie et le «mauvais temps» dans le système éducatif depuis bientôt 7 ans, avec des syndicats de base excitées au plus haut point, et réclamant leur droit à «gérer» le ministère de Bab Bnet, en imposant une véritable tutelle sur les ministres successifs de ce haut département éducatif social et familial. Or, ces jeunes ne savent pas et ne mesurent pas l’importance pour L’UGTT de coller au pouvoir et d’en être proche, comme c’est la tradition depuis le leader national Farhat Hached. En effet, dans le «pouvoir», L’UGTT perd ses repaires et risque les dérapages comme ceux de janvier 1978, alors qu’avec le pouvoir et l’influence discrète et raisonnable sur le gouvernement, L’UGTT maintient sa force et sa crédibilité de partenaire à part entière dans le progrès social et la stabilité politique, contrairement aux partis et groupuscules d’extrême gauche. Aujourd’hui, cette équation est de toute actualité. M. Youssef Chahed, le Premier ministre, en manque de soutiens politiques massifs, fermes et transparents des partis dominants, y compris le sien, Nidaa Tounès et Ennahdha, s’est rabattu sur le rapprochement ciblé et médiatisé avec L’UGTT. D’où cette réunion au «sommet» entre son staff rapproché et le bureau exécutif de L’UGTT mené par MM. Taboubi et Mbarki qui fait penser à l’image d’un cabinet en charge de la politique gouvernementale, face à un cabinet « virtuel » ou ce que les britanniques désignent par le «Shadow cabinet» (le cabinet de l’ombre) ! Tout cela peut être bénéfique pour la paix sociale et la stabilité politique. Mais, Youssef Chahed, joue, là, à quitte ou double, car c’est à la centrale syndicale d’accompagner le gouvernement sans tirer un peu trop sur les cordes, qui risquent de rompre et de ne pas diffuser l’image d’un gouvernement affaibli que les syndicats prennent en otage en lui imposant la politique à suivre au niveau, pas seulement, social, mais économique et même politique !L’UGTT ne doit pas, à notre humble avis, s’acharner à revenir en arrière et imposer «l’etat entrepreneur, producteur, commerçant etc.», comme cela était le cas dans les années soixante du siècle dernier. Elle doit viser la modernisation de l’économie, en aidant à son ouverture sur les technologies nouvelles, y compris celles du libéralisme économique moderne. Or, tout cela, ne passe pas avec les idéologies anciennes de l’etat qui contrôle tous les aspects de l’activité économique, y compris les affaires et l’investissement. La Chine a donné une leçon au monde en passant du «Maoïsme de la misère» au «Maoïsme de la prospérité» ! M. Taboubi et ses pairs sont appelés à tenir compte des réalités économiques nationales et mondiales et apaiser le monde du travail, vers une meilleure productivité, pour booster la croissance et en partager équitablement les dividendes. Finalement, L’UGTT n’a pas intérêt à affaiblir davantage un gouvernement qui lui est favorable et qui lui tend la main. Encore une fois, rien ne vaut la bonne recette du grand leader national, Farhat Hached, et son message éternel : «Ouhebbouka ya Chaâb»… Oh, peuple je vous aime… tout le peuple tunisien !