Tir réussi du missile intercontinental le plus puissant
La Corée du Nord vient d’annoncer avoir réussi hier matin à tirer un nouveau missile intercontinental, « son plus puissant jusqu’à aujourd’hui ». Le régime assure même que ce tir fait de lui un Etat nucléaire à part entière Ce nouveau tir, le vingtième cette année, survient après deux mois d’accalmie. Le tir a été fermement condamné par les Etats-unis, le Japon, et la Corée du Sud.
Dans une déclaration triomphante, la Corée du Nord affirme que son nouveau missile baptisé Hwasong 15 est « capable d’atteindre tout le territoire américain » - le régime assure que ce tir fait de lui un Etat nucléaire à part entière, écrit notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias.
C’est en effet le premier missile nordcoréen à voler à une telle altitude : 4 500 km. Sa trajectoire était très verticale, pour éviter de survoler le Japon et selon les premières estimations, si l’engin avait été tiré à un angle normal, sa portée serait de 13 000 kilomètres, ce qui est suffisant pour atteindre Washington.
Bruits de bottes
Cet essai a été qualifié de « provocation téméraire » par le président sud-coréen Moon Jae-in, qui a promis de poursuivre sa politique de sanctions mais qui a aussi déclaré qu’il fallait empêcher les Etats-unis d’envisager une frappe préemptive en Corée du Nord.
A Séoul, les bruits de bottes en provenance de Washington inquiètent en effet autant que les coups d’éclats de Pyongyang. Ce mercredi matin, Donald Trump a d’ailleurs appelé le Premier ministre japonais avant de téléphoner à Moon Jae-in. Et les Sud-coréens craignent que leur position ne soit négligée, alors qu’ils seront les premières victimes en cas de conflit sur la péninsule.
« Vive inquiétude » à Pékin
« Nous exprimons notre vive inquiétude et notre opposition », a indiqué Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse régulière où se trouvait un journaliste de L’AFP. « Nous exhortons fermement la Corée du Nord à respecter les résolutions du Conseil de sécurité de L’ONU et à stopper toute action entraînant une hausse des tensions dans la péninsule coréenne », a encore martelé le porte-parole. « Dans le même temps, a-t-il rajouté, nous espérons que toutes les parties concernées puissent agir avec prudence et travailler de concert pour la paix et la stabilité de la région ». Pour la Chine, la proposition chinoise d’un « double moratoire » reste la meilleure option pour apaiser les tensions. Ce plan consiste en la suspension conjointe des essais nucléaires et balistiques de Pyongyang et des manoeuvres militaires communes américano-sud-coréennes, ce à quoi Washington se refuse.
Moscou dénonce une « provocation »
Le Kremlin, de son côté, a dénoncé une « provocation » et a appelé toutes les parties « à garder leur calme ». « Ce nouveau tir de missile est bien entendu une provocation qui suscite une nouvelle hausse des tensions et qui nous éloigne d’un début de règlement de la crise », a déclaré lors d’un point-presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Nous condamnons ce tir et nous espérons que les parties concernées réussissent à garder leur calme, ce qui est nécessaire pour que la situation dans la péninsule coréenne ne suive pas le pire des scénarios », a-t-il ajouté, estimant qu’il n’y avait pas « pour l’instant de raison pour être vraiment optimiste ».