Le Temps (Tunisia)

1500 Tunisiens ont rejoint les groupes terroriste­s en Libye

Quelque 1500 jeunes tunisiens ont rejoint les rangs des groupes terroriste­s en Libye, selon un rapport publié le 17 janvier par le think-tank américain Washington Institute for Near East Policy (Institut de Washington pour la politique au Proche Orient).

- Walid KHEFIFI

Le Washington Institute révèle des chiffres affolants sur la «poudrière libyenne»

Quelque 1500 jeunes tunisiens ont rejoint les rangs des groupes terroriste­s en Libye, selon un rapport publié le 17 janvier par le think-tank américain Washington Institute for Near East Policy (Institut de Washington pour la politique au Proche Orient). La Tunisie occupe ainsi le premier rang dans le classement des pays « pourvoyeur­s » de jihadistes en Libye, devant le Maroc (300 terroriste­s), l’algérie (130) et l’egypte (112 ). Viennent ensuite le Soudan, le Sénégal, le Mali, la Somalie, le Ghana, le Tchad, l’erythrée, la Gambie et le Niger avec 100 terroriste­s pour chacun de ces pays.

La Tunisie occupe ainsi le premier rang dans le classement des pays « pourvoyeur­s » de jihadistes en Libye, devant le Maroc (300 terroriste­s), l’algérie (130) et l’egypte (112 ). Viennent ensuite le Soudan, le Sénégal, le Mali, la Somalie, le Ghana, le Tchad, l’erythrée, la Gambie et le Niger avec 100 terroriste­s pour chacun de ces pays. «La Tunisie a joué un rôle majeur dans le jihad en Syrie et en Libye, contribuan­t avec le plus gros contingent de combattant­s étrangers dans ces deux pays. Le fait que la Tunisie soit un pays voisin de la Libye rend cette conclusion facile à expliquer pour ce qui concerne la poudrière libyenne», souligne Aaron Y. Zelin, auteur du rapport et chercheur au Washington Institute. «Lors de leurs rencontres avec des responsabl­es des Nations Unies, des officiels tunisiens ont révélé que jusqu'à 1500 jeunes tunisiens sont partis combattre dans les rangs des groupes jihadistes en Libye. Nous n’avons pu identifier que 625 de ces jeunes, ce qui illustre le fossé entre ce qui est connu publiqueme­nt par rapport aux informatio­ns détenues par le gouverneme­nt», ajoute cet expert des mouvements jihadistes à travers le monde.

Le rapport fait remarquer que les jihadistes tunisiens partis combattre en Libye sont originaire­s de pas moins de 33 cités et villes tunisienne­s, ce qui dénote l’important maillage qu’ont réalisé les groupes terroriste­s du territoire national ! Il note aussi que ces terroriste­s actifs en Libye ont un

statut spécial en raison de la proximité géographiq­ue entre les deux pays, indiquant que cela explique en partie le fait qu’ils avaient leur propre base à Sabratha, une ville libyenne situé à une centaine de kilomètres de la frontière tunisienne. Le plus grand nombre de ces jeunes ayant rejoint les groupes terroriste­s en Libye sont originaire des foyers traditionn­els de recrutemen­t de jihadistes tels que Ben Guerdane, Bizerte et Tunis. La petite ville de Remada a également vu un nombre important de ses habitants se faire embrigader pour rejoindre les organisati­ons jihadistes en Libye, en raison notamment du sous-développem­ent, du chômage et des tentatives de l’armée tunisienne de bloquer le point de passage frontalier de Dehibawazi­n, ce qui a privé les jeunes actifs dans le commerce parallèle de leurs sources de revenus et exacerbé la corruption et l'extrémisme religieux.

Rôle crucial d’ansar al-chariâa

Intitulé «The others : foreign fighters in Libya » («Les autres : les combattant­s étrangers en Libye »), le rapport du Washington Institute recommande dans ce cadre aux autorités tunisienne­s de suivre de près la propagatio­n de l’idéologie jihadiste dans les villes de Remada et Ben Guerdane pour y empêcher toute tentative d’implantati­on de l’organisati­on terroriste l’etat islamique (Daech). En plus de l’etat islamique, le rapport indique que les antennes tunisienne et libyenne de l’organisati­on salafiste Ansaral Chariâa ont joué un rôle important dans

l’embrigadem­ent des jeunes tunisiens. Une vidéo fuitée en décembre 2016 et montrant le chef d’ansar al-chariâa en Tunisie, Abou Iyadh lors des funéraille­s du fondateur d’ansar al-chariâa en Libye Mohamed al- Zahawi, à Benghazi, constitue une preuve sur les liens étroits entre ces deux organisati­ons. Des signes de présence de jeunes tunisiens dans des camps d'entraîneme­nt en Libye ont été signalés dès le printemps 2012, lorsque deux tunisiens ont été arrêtés dans la région de Darna suite à des exercices militaires réalisés par l’antenne libyenne d’ansar al-chariâa à Benghazi. De plus, un certain nombre de passeports tunisiens ont été saisis en novembre 2013 dans une base de cette organisati­on à Benghazi. Outre Benghazi, Ansar-al Chariâa offrait des formations au maniement des armes à Darna, Misrata, Hun et Jebel Lakdher. Ces mêmes camps d’entraîneme­nt ont accueilli les auteurs de l’attentat suicide raté d’octobre 2013 sur une plage de Sousse et de juin 2015 contre le mausolée de Bourguiba à Monastir. Washington Institute a pour mission de «proposer une compréhens­ion équilibrée et réaliste des intérêts américains au Moyenorien­t et de promouvoir les politiques qui les sécurisent ». Fondé par des proches de L'AIPAC, l'un des plus puissants organes de lobby pro-israélien aux États-unis, il est souvent reproché à ce think-tank de proposer des analyses favorables à l'extrême à l’etat hébreu.

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