Le Temps (Tunisia)

On n’est pas encore sorti de l’auberge

Il est toujours plus facile de détruire que de construire et le mal fait par certains cadres administra­tifs et financiers n’est pas prêt d’être réparé, concernant le classement de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux par l’union européenne. L

- Faouzi SNOUSSI

Blacklist des paradis fiscaux

Il est toujours plus facile de détruire que de construire et le mal fait par certains cadres administra­tifs et financiers n’est pas prêt d’être réparé, concernant le classement de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux par l’union européenne. Le pire encore, c’est que personne ne parle de ceux qui sont la cause de ce classement, ni de sanctions possibles contre ceux qui perçoivent des salaires faramineux, sans accomplir leur travail. Lors de la récente réunion des ministres des Finances de l’union européenne (UE), les Tunisiens avaient retenu leur souffle, en attendant le verdict concernant le triste et honteux classement du pays, parmi les paradis fiscaux.

Lors de la récente réunion des ministres des Finances de l’union européenne (UE), les Tunisiens avaient retenu leur souffle, en attendant le verdict concernant le triste et honteux classement du pays, parmi les paradis fiscaux. Un retard expliqué par les retards impardonna­bles des réponses à donner aux demandes de L’UE concernant le système fiscal tunisien. Finalement le verdict, positif, est tombé le 23 janvier. Reste que le mal ne sera réparé qu’en partie, puisque la Tunisie basculera dans une liste grise, soit une liste de surveillan­ce, et il faudra attendre, encore, une année, pour voir si L’UE daigne, enfin, nous ôter de cette liste de malheur qui est, surtout, une entrave à la polarisati­on

des investisse­urs étrangers. Ces derniers ne peuvant pas courir le risque d’être pointés du doigt s’ils cherchent à réaliser des projets en Tunisie, car leur crédibilit­é sera mise en doute. Même les dernières mesures annoncées par le chef du gouverneme­nt, lors du dernier congrès de l’union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), et qualifiés de révolution­naires, n’auront pas d’effet pour encourager les investisse­urs. Le ministre des Affaires étrangères Khémaies Jhinaoui avait eu, les 3, 4 et 5 janvier courant, une série d’entretiens avec des diplomates européens accrédités à Tunis dans le cadre des efforts déployés visant à réviser le classement

de la Tunisie par L’UE, en tant que paradis fiscal. Au cours de ces entrevues, le ministre a dit rejeter ce classement d’autant qu’il est établi par un partenaire stratégiqu­e avec lequel la Tunisie partage les mêmes valeurs. "Des valeurs communes fondées sur la liberté, la justice et la démocratie", a-t-il souligné, cité dans un communiqué du départemen­t des Affaires étrangères. Selon Jhianoui, ce classement intervient à l’heure où le pays a déjà entamé un ensemble de réformes pour reprendre sa place sur l’échiquier mondial. "Il aura sans nul doute un impact négatif sur les efforts du pays pour relancer son économie ainsi que sur son image en tant que destinatio­n pour les investisse­urs étrangers",

a-t-il noté.

Pour leur part, les responsabl­es européens ont souligné que ce classement ne reflète pas le niveau "excellent" des relations établies entre L’UE et la Tunisie. Ils ont assuré qu’ils oeuvreront à réviser ce classement lors de la réunion des ministres européens des Finances. Et c’est ce qui a été fait. Mais, quand même, il leur donne un moyen de pression, lors des négociatio­ns sur L’ALECA. Les diplomates européens ont également réaffirmé la dispositio­n de leurs pays à continuer à soutenir la Tunisie en cette phase de transition notamment au niveau politique, économique et sécuritair­e, ce qui n’est pas sans effet.

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