Le Temps (Tunisia)

La politique du bâton et de la carotte

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La tension a resurgi à nouveau cette semaine entre les Etats-unis et l’iran au sujet de l’accord nucléaire. Bien que le président américain, Donald Trump, ait confirmé la suspension des sanctions économique­s imposées à Téhéran (levées dans le cadre de l’accord), il a prévenu qu’il s’agirait de la « dernière suspension ». « C’est la dernière chance », a lancé Donald Trump dans un communiqué, exigeant un accord avec les Européens pour remédier aux « terribles lacunes du texte ». Et le chef de la Maison Blanche de menacer: « En l’absence d’un tel accord, les Etats-unis réimposero­nt les sanctions liées au nucléaire iranien ». Un fait qui provoquera­it la mort immé-diate de l’accord conclu en 2015 à Vienne entre la République islamique et les grandes puissances.

Les Etats-unis envisagent-ils de sortir de l’accord nucléaire? Pas vrai¬ment. Si Trump n’a pas manqué une seule occasion d’afficher son hostilité à l’accord (il avait notamment déclaré pendant sa campagne électorale qu’il le déchirerai­t une fois au pouvoir), il ne souhaite pas pour autant son annulation, du moins de manière uni¬latérale. Une telle annulation pourrait encourager d’abord le régime isla¬mique à reprendre ses activités nucléaires. Un scénario que Washington ne souhaite évidemment pas. Car, après tout, aux yeux des Américains, l’accord actuel « c’est mieux que rien». Et depuis son élec¬tion, Donald Trump a, à chaque fois, reconduit la levée des sanctions imposées à Téhéran dans le cadre de l’accord. Une loi oblige, en effet, le chef de la Maison Blanche à déclarer au Congrès tous les 120 jours si l’iran respecte les termes de l’accord. La deuxième raison est qu’une annulation unilatéral­e risque d’exas¬pérer fortement les alliés européens des Etats-unis. Réunis jeudi à Bruxelles, les Européens ont de nou¬veau fait bloc autour de l’accord. En haussant le ton contre l’iran, Trump veut surtout accentuer la pression sur le régime islamique, fra¬gilisé depuis quelques semaines par un mouvement de contestati­on sans précédent pour l’amener à renégo¬cier l’accord. En fait, Trump utilise la politique du bâton et de la carotte. Le bâton, destiné à l’iran, c’est la menace de ne plus reconduire la levée des sanctions. Et la carotte, destinée aux Européens, c’est justement sa recon-duction !

L’administra­tion américaine veut, en fait, amener les différente­s parties à réviser l’accord, jugé insuffisan­t, et convaincre les Européens d’accepter le scénario d’une renégociat­ion. Contrairem­ent à son prédécesse­ur, Barack Obama, Trump estime que l’accord nucléaire n’est pas suffisam¬ment ferme, car il n’aborde pas de questions cruciales comme celle des missiles balistique­s utilisés par le régime iranien, entre autres critiques. La fermeté adoptée par Donald Trump à l’égard de l’iran est donc une partie intégrante de sa politique qui vise à rassurer les alliés des Etats-unis dans la région, mais aussi à mettre en garde certaines puissances, comme la Corée du Nord, que Washington n’est pas prêt à faire des concession­s sur des questions aussi cruciales que le nucléaire.

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