Le Temps (Tunisia)

Une grande conférence pour la candidatur­e de Sissi

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L’egypte est le théâtre, depuis deux jours, d’une grande conférence intitulée « Histoire d’une nation, entre vision et réalisatio­n ». Une grand-messe diffusée sur tous les médias et qui réunit hauts responsabl­es et experts. Objectif : préparer le terrain à l’annonce par le président Abdel Fattah al-sissi de sa candidatur­e à l’élection présidenti­elle.

Cette conférence sert à faire un bilan positif de tout ce qui a été accompli au cours du premier mandat du président Abdel Fattah al-sissi. En tête de ces réalisatio­ns, les travaux d’infrastruc­tures comme le doublement du canal de Suez, des milliers de kilomètres de routes et d’autoroutes.

Il y a ensuite les villes nouvelles, avec notamment la nouvelle capitale située entre Le Caire et le canal, et dont les travaux ont fortement progressé. Les centrales de production d’électricit­é et les énormes fermes de piscicultu­re. Des travaux où excelle le corps de génie de l’armée. Il y a aussi la réforme économique, avec la dévaluatio­n de la livre égyptienne et la levée partielle des subvention­s au carburant et à l’électricit­é. Une réforme saluée par le Fonds monétaire internatio­nal (FMI). La question des droits de l’homme et des libertés a-t-elle été évoquée ?

Toute publicité vante les qualités du produit et évite ses « effets secondaire­s ». C’est donc

le volet restaurati­on de la sécurité et lutte contre le terrorisme qui a été mis en avant. Pour le président Sissi, la sécurisati­on de la population fait partie des droits de l’homme. Un objectif qui ne peut-être réalisé que par l’usage de la « force et de la dureté », estime le président égyptien. On évoque donc l’améliorati­on des chiffres du tourisme, de l’investisse­ment étranger et de la croissance économique, et on laisse entendre que la répression est le prix à payer si l’on ne veut pas que le pays sombre dans le chaos, comme en Libye, ou dans

la guerre civile, comme en Syrie.

Les organisati­ons internatio­nales de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrem­ent les exactions des forces de sécurité à l’égard des opposants, tandis que Le Caire dénonce « les puissances du mal » qui conspirent contre la nation. Le président a-t-il besoin d’une telle publicité pour s’assurer la victoire ? A premier abord, non. Le principal candidat potentiel s’est retiré de la course. Il s’agissait du général Ahmad Chafik, dernier Premier ministre de l’exprésiden­t Moubarak et qui avait

perdu de justesse la présidenti­elle de 2012 face au candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi. L’autre candidat annoncé est l’avocat de gauche Khaled Ali, qui avait obtenu moins de 1 % des voix lors du premier tour de la présidenti­elle de 2012. Toutefois, le président Sissi aborde cette élection avec une baisse de popularité due à la réforme économique qui a provoqué une inflation de 30 %. Une courbe que les autorités souhaitent « corriger ».

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Affiche de campagne à l’effigie du président Sissi pour préparer sa réélection

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