Ce que les citoyens n’oublieront jamais
La semaine qui vient de s’écouler a malheureusement été émaillée de violence et d’agressivité et l’auteur des actes n’était pas la rue, mais bel et bien les élus de l’assemblée des représentants du peuple (ARP) qui n’ont pas manqué de nous gâter lors des dernières. Tout a commencé samedi dernier et les tensions et autres agressions, physiques et verbales, se sont poursuivies jusqu’à la fin de la semaine et ses plénières dédiées au vote de la prolongation du mandat de l’instance vérité et dignité (IVD).
Après avoir échangé toutes sortes d’insultes au Parlement, les députés ont envahi nos petits écrans et nos chaînes radiophoniques pour poursuivre ce qu’ils ont commencé en début de semaine.
Après avoir échangé toutes sortes d’insultes au Parlement, les députés ont envahi nos petits écrans et nos chaînes radiophoniques pour poursuivre ce qu’ils ont commencé en début de semaine. Entre Hassen Amri qui a refusé de présenter ses excuses aux Tunisiens et à Samia Abbou pour l’avoir agressée en menaçant de publier des vidéos et des photos qu’elle aimerait faire oublier et Salem Labayedh qui a traité, en direct, sa collègue Hela Omrane de stupide – en lui affirmant que le concept de la justice transitionnelle est très grand pour sa petite cervelle – le discours politique n’a jamais atteint ce point de non retour.
Bien que la scène publique ait connu beaucoup de divergences au cours de ces sept dernières années, le débat sur L’IVD, sur le changement du mode de scrutin, sur le devenir du gouvernement de Youssef Chahed ou encore sur le bras de fer entre le Syndicat général de l’enseignement secondaire et le ministère de l’education s’est dégradé d’une manière impressionnante. Entre ceux qui ont préféré faire ressortir leur histoire de militant, jouant la carte de victime contre leurs adversaires qu’ils ont même qualifiés de ‘militants des salons’ et ces mêmes adversaires qui ont piétiné toute courtoisie de discours, la division actuelle nous renvoie, amèrement,
vers celle que nous avons connue et vécue en 2012 et 2013.
Désormais, la fracture entre les deux mouvements alliés, Nidaa Tounes et Ennahdha, est évidente et quoiqu’ils puissent faire, leur consensus ne pourra plus être présenté en tant que tel. Cela peut servir les intérêts des deux concernés sur le court-terme avec les élections municipales qui se tiennent dans un mois, mais cela ne fera qu’empirer la situation une fois cette échéance tenue. Revenir au consensus provoquera certainement une crise de confiance entre les gouvernants et le grand public – une crise de confiance qui risque de dégénérer vu la situation économique et sociale dans laquelle se trouve le pays. Y mettre fin mènera à un blocage où plus aucun projet de loi, ni aucun autre vote ne pourra passer sans créer la même ambiance que celle vécue la semaine écoulée.
En somme, le déclin du discours et de l’action politiques en Tunisie résulte, entre autres, de ce blocage politique qui empêche, depuis les élections de 2014, tout réel changement vu que personne ne peut gouverner à lui tout seul et appliquer ses programmes.