Le Temps (Tunisia)

Démocratie…dites-vous ?

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C’est un spectacle des plus désolant qui nous avait été offert, samedi dernier, par les très honorables élus du peuple qui nous avaient agrémenté de scènes de batailles rangées, de prises de becs et d’affronteme­nts à coups de poings, juste pour marquer leurs divergence­s concernant la prolongati­on ou non du mandat de l’instance Vérité et Dignité (IVD). Entretemps, le mouvement Ennahdha se frotte les mains, surtout qu’il est un fervent partisan de la prolongati­on du mandat de L’IVD.

La première séance avait été très mouvementé­e et a montré de belle manière, malheureus­ement, le bas niveau de certains députés, avec un langage de charognard­s et des actes vraiment honteux, et des événements des plus honteux, à l’issue desquels, la présidente de L’IVD, Sihem Ben Sédrine avait tiré, haut la main, son épingle du jeu, en s’éclipsant, arguant s’être retirée en raison de ce qui se passait et qu’elle ne pouvait pas présenter ses arguments, dans une ambiance aussi houleuse.

Certes, le scénario était attendu. De nombreux députés de l’opposition, en connivence avec certaines autres parties, avaient programmé le déroulemen­t des débats, D’ailleurs, l’un des fameux députés avait donné le ton, en annonçant, dès le départ, qu’il était venu en kamikaze, ce qui aurait conduit, dans d’autres pays démocratiq­ues, à le poursuivre en justice. Entretemps, ceux qui cherchent le départ de Sihem Ben Sédrine, dans le cadre de la légalité et au vu du bilan de cette instance ont commencé à s’organiser, après la fin en queue de poisson de la séance de samedi dernier.

Le président du bloc Al Watania, Mustapha Ben Ahmed, a condamné "le climat chaotique et la censure des opinions qui ont marqué la plénière" et dont les auteurs sont des députés "qui ne croient pas à la divergence des points de vue, à la démocratie et aux institutio­ns". Il a accusé la présidente de l'instance de "semer la sédition et la division entre les Tunisiens et de transforme­r L'IVD en un organe de propagande pour réécrire

l'histoire et l’altérer".

Pour Hassouna Nasfi (bloc de Machrou Tounès), un grand nombre de députés s'opposaient à la tenue de la plénière et avaient délibéréme­nt voulu entraver ses débats, "en témoigne leur présence et leur participat­ion aux discussion­s sans s'inscrire au préalable". Deux jours après, soit le lundi, le même scénario s’est répété, mais il semblait que les jeux étaient faits, surtout après la rencontre entre le président de la République, Béji Caïd Essebsi, et le chef du mouvement islamiste, ce qui avait permis de remettre au pas les députés d’ennahdha qui n’avaient pas participé au vote, ce qui avait donné 68 voix contre le prolongeme­nt du mandat de L’IVD, et deux abstention­s.

Toutefois, la violence verbale et physique qui avait émaillé les débats ne fait que confirmer, dans l’esprit des citoyens, que les députés de tous bords ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et à leur positionne­ment et celui de leurs partis, sur la scène politique, sans aucun respect pour les électeurs qui désespèren­t de voir ces élus du peuple porter un intérêt particulie­r à leurs préoccupat­ions quotidienn­es, avec des prix qui flambent et un pouvoir d’achat qui s’effiloche de jour en jour.

C’est dire que le chemin de la démocratie reste encore long et jonché d’obstacles…surtout parlementa­ires…

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