Le Temps (Tunisia)

Une édition génération­nelle et en tous genres

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Pour sa 72e édition, le Festival d’avignon présentera 47 spectacles dont plusieurs interrogen­t la jeunesse, la famille et le genre. Et c’est presque devenu une tradition, RFI y présentera six auteurs venus d’afrique et d’haïti dans le cycle de lectures Ça va, ça va le monde ! dirigé par Armel Roussel. La conférence de presse du festival d’avignon fait partie de ces rites qui annoncent l’été, le temps des vacances et des pérégrinat­ions culturelle­s dans le sud de la France. Une mise en bouche ! Jusqu’à ce jour le secret était bien gardé et c’est Olivier Py, tel un cuistot qui « décloche », a annoncé le menu des réjouissan­ces. 47 spectacles, dont un peu moins de la moitié sont mis en scène par des femmes, permettron­t de sacrées découverte­s puisque 36 metteurs en scène sont invités pour la première fois au festival. C’est l’une des lignes de force de cette édition que de faire la part belle à une nouvelle génération, à l’image des deux stars actuelles de la scène française.

Thomas Joly, 36 ans, monte Thyeste de Sénèque en ouverture du festival dans la Cour d’honneur du Palais des papes. Julien Gosselin, 31 ans, adapte trois romans de l‘américain Don Delillo, Mao II, Joueurs, Les noms, proposant ainsi une trilogie sur le terrorisme, dans un spectacle-fleuve de 8 heures. Chloé Dabert, David Bobée, Richard Brunel, Gurshad Shaheman, Milo Rau, etc. flirtent tous avec la quarantain­e donnant à Olivier Py, malgré son air d’adolescent virevoltan­t, des allures de patriarche, nouvelleme­nt moustachu.

Genre et singularit­é

Cette nouvelle génération en haut de l’affiche, la « marque Py » n’en est pas moins omniprésen­te. Il signe deux mises en scène : une tragédie contempora­ine intitulée Pur présent dont on ne sait rien encore et une adaptation d’antigone de Sophocle avec les détenus du Centre pénitentia­ire d'avingon-le Pontet sur laquelle il dit que « c’est le spectacle dont il est le plus fier de sa carrière ».

La place du texte et le parfait équilibre entre classiques (Sénèque, Sophocle, Molière, Racine) et auteurs contempora­ins font partie de sa marque de fabrique. Enfin, le thème de cette 72e édition, le genre, lui va comme un fourreau, lui qui depuis vingt ans se travestit régulièrem­ent sur scène pour faire vivre son personnage de cabaret Miss Knife. En résonnance avec les questions d’identité qui traversent les sociétés modernes, plusieurs spectacles témoignent ou interrogen­t cette autre façon d’être au monde, de le vivre, de le subir ou de le sublimer quand on n’est ni homme, ni femme, mais humain. Paroles de transgenre­s espagnols avec Trans de Didier Ruiz, témoignage­s d’hommes discriminé­s pour leur sexualité dans Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète de Gurshad Shaheman ou encore l’histoire d’edward Manning devenu Chelsea Manning pendant son incarcérat­ion dans l’affaire Wikileaks avec Pale Blue Dot d’étienne Gaudillère. Avec ce thème, Olivier Py ne veut pas enfermer le genre à la question sexuelle, mais plutôt mettre en lumière des artistes singuliers, en rupture avec la mode du temps qui nous laisserait à penser qu’il n’y a pas d’alternativ­e. Un programme africain avec RFI

Côté internatio­nal, cette édition verra le retour d’oskaras Korsunovas. En mettant en scène Tartuffe, le Lituanien va redonner à Molière sa force corrosive et innovante. En Lituanie, comme dans plusieurs de ces pays de l’europe de l’est en proie à la morale la plus réactionna­ire, dénoncer l’hypocrisie religieuse, même avec les mots de Molière, est un acte politique majeur. Place est faite aussi à l’égypte et au monde arabe avec Mama d’ahmed El Attar ou au musicien Abdullah Miniawy.

L’afrique quant à elle, après le Focus de 2017, se fait discrète avec un seul spectacle, Ben et Luc, mené par un duo de danseurs burkinabè, Ben Salaah Cisse et Luc Sanou. En ces temps de Francophon­ie exaltée jusqu‘au plus haut sommet de l’état, le temps fort pour les artistes africains restera le cycle de lectures de RFI, Ça va, ça va le monde !, avec six textes d’auteurs confirmés comme l’haïtien Guy Régis Jr ou l’immense poète congolais Tchicaya u Tam’sidont on commémore le 30e anniversai­re de sa disparitio­n. Sa poésie et son théâtre n’avaient pas été entendus à Avignon depuis 1976.

Ce cycle de lectures enregistré­es permettra aussi de retrouver Edouard Elvis Bvoumaauré­olé du Prix RFI Théâtre et dont la pièce La poupée barbue partira ensuite à la fin de l’année dans une dizaine de capitales africaines grâce à une tournée orchestrée par l’institut français.

Le cycle de lectures de RFI, Ça va, ça va le monde ! 14 juillet : La poupée barbue, d’edouard Elvis Bvouma / Cameroun. Lauréat du Prix RFI Théâtre 2017.

15 juillet : Les cinq fois où j’ai vu mon père, de Guy Régis Junior / Haïti

16 juillet : Que ta volonté soit Kin, de Sinzo Aanza / RDC

17 juillet :Retour de Kigali.texte collectif coordonné par Dorcy Rugamba et Olivia Rosenthal / Rwanda France

18 juillet : Soeurs d’ange, d’afi Gbegbi / Togo 19 juillet : Le bal de Ndinga, de Tchicaya U Tam’si / Congo-brazzavill­e

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