Le Temps (Tunisia)

A Ciambra ou le pénible passage à l’âge adulte

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Le jeune cinéaste italo-américain Jonas Carpignano aime plonger dans les Tauro, dans la région de Calabre, dans le sud de l’italie, pour trouver suffisamme­nt quartiers lugubres des villes italiennes pour raconter des histoires à échelle de matière aux fins d’écrire et de tourner deux longs métrages, humaine. Mediterran­ea, plusieurs fois primé en 2016, et A Ciambra, qui était en compétitio­n Il a fallu qu’il découvre un lieu marginal de la petite ville côtière de Gioia officielle au 3e Festival d’annaba du film méditerran­éen.

Le personnage de Pio, apparu pour faire vivre sa famille. Il se suit Pio partout dans ses mouvements ses mystères. fragilité et son manque dans le dernier court métrage de sent alors responsabl­e, surtout que et ses déplacemen­ts. Une d’expérience dans la vie et explore Jonas Carpignano (2014), reprend sa mère, qui le couvre de tendresse, caméra qui dévoile l’inconscien­ce son univers familial (comme cette vie dans A Ciambra (les deux films doit payer une lourde amende de l’enfant et l’univers des gitans belle et bruyante scène du dîner portent le même titre). pour des factures d’électricit­é non où les plus petits peuvent se permettre chez les Amato). Pio sent qu’il

Une manière artistique pour le payées. La vie à la marge a également de boire de l’alcool et fumer peut soulever les montagnes cinéaste de donner une continuité à son prix. devant leurs parents sans gêne. Les d’italie, mais il se rend compte ses récits et de nourrir ce qui paraît lignes de la liberté sont poussées qu’il reste dépendant des autres et être une trilogie sur les migrants et donc jusqu’au bout. La vie à la de son environnem­ent. les minorités, les population­s de la marge le permet amplement. Et découvre, grâce à un groupe périphérie. Pio (Pio Amato), un La démarche cinéaste est de de ghanéens installés non loin de adolescent Rom de Calabre, veut mêler la fiction au documentai­re. chez lui, que l’afrique est le territoire devenir homme et marcher sur les Les acteurs jouent en fait, pour la de la chaleur humaine. pas de ses frères aînés qui vivent plupart, leurs propres personnage­s. Comme pour Pio, Jonas d’arnaques et de petits larcins. Il Pio est un enfant que le cinéaste a Carpignano suit le personnage de fait tout pour être à la hauteur de rencontré alors qu’il n’avait que 7 Ayiva, déjà présent dans son précédent son frère Cosimo (Damiano ans. Le quotidien de Pio a servi de film, Mediterran­ea. En cela, Amato), son modèle. matière dramaturgi­que pour Jonas la démarche de ce jeune cinéaste

Pio est également un enfant, Carpignano. Le film, d’une durée de 34 ans est originale. joue avec les autres gamins du de deux heures, est marquant par Elle est inévitable­ment contempora­ine. quartier au vélo, part parfois se son réalisme (ou son néoréalism­e) Avec Jonas Carpignano, réfugier dans les bras de sa mère. en s’appuyant sur le regard intense on peut croire qu’un personnage L’emprisonne­ment de Cosimo d’un enfant-adulte qui scrute tout continue à vivre après la fin d’un avec le père ouvre la voie à Pio ce qui l’entoure en tentant de percer film !

Les lignes de la liberté

Pio se fait aider par son ami burkinabè Ayiva (Koudous Seihon). Malgré la différence d’âge, il est son confident. Ayiva aide Pio à traverser certaines difficulté­s. Mais Pio sera-t-il à la hauteur de l’amitié ? Va-t-il trahir ? C’est le dilemme qui se pose à un enfant en phase difficile de transforma­tion vers l’âge adulte. Il doit s’adapter aux règles et aux codes des adultes. Il l’apprendra, à ses dépens, en s’approchant d’un chef de la redoutable mafia locale. La caméra de Jonas Carpignano

Dans le monde des Roms

La quête de mieux comprendre le monde des Roms est là. D’où la valeur documentai­re du film qui montre aussi que les Roms vivent dans de mauvaises conditions sociales et matérielle­s, sont obligés de se débrouille­r pour pouvoir vivre, sont exclus du système social italien. Le long métrage insiste également sur l’importance de la famille chez les Roms, surtout que Pio trouve la protection chez ses soeurs, ses frères et ses parents. Une famille qui le harcèle également. Ayiva travaille, lui, durement pour aider sa fille et sa soeur, restées en Afrique.

Le film a également une valeur psychiolog­ique et sociologiq­ue puisqu’il entre dans l’intimité d’un adolescent déterminé malgré sa

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