Une nouvelle victime et Washington accusé de complicité
«Marche du retour» à Gaza
La journée du vendredi 30 mars 2018 a été la plus meurtrière entre Israël et les Gazaouis depuis la fin de la dernière guerre durant l’été 2014. Au moins 17 personnes ont été tuées selon le ministère gazaoui de la Santé. La dernière victime, Faris al Raqib âgé de 29 ans, avait été touchée vendredi dans le sud de la bande de Gaza. Hier, il est décédé des suites de ses blessures. La tension est désormais moins forte à Gaza, mais le mouvement doit se poursuivre jusqu’à la mi-mai. Et ce lundi encore, des manifestants sont rassemblés le long de la frontière avec Israël. Depuis samedi, les manifestants présents dans les cinq campements installés le long de la barrière de séparation sont nettement moins nombreux, mais le mouvement se poursuit. Dans chacun de ces cinq lieux de regroupement, des dizaines de personnes sont rassemblées hiere encore. C’était l’objectif des organisateurs que d’inscrire ce mouvement dans la durée, de le faire exister jusqu’au 15 mai, date du 70ème anniversaire de ce que les Palestiniens appellent la Nakba, la « catastrophe » qu’a représenté pour eux l’exode de centaines de milliers de Palestiniens après la création de l’etat d’israël. Et si, en semaine, les tentes sont plus vides, la manifestation de vendredi prochain devrait, elle, rassembler encore des milliers de Gazaouis: l’ensemble des factions palestiniennes appellent à une journée de deuil en mémoire des personnes tuées il y a trois jours.
L’OLP accuse Washington
Ces tensions autour de la bande de Gaza renforcent aussi la crise qui existe entre les responsables palestiniens et l’administration américaine. Dès vendredi, le président palestinien Mahmoud Abbas avait jugé qu’israël est « seul responsable » de ce bilan très lourd et il appelait à la mise en place d’ « une protection internationale » pour les manifestants gazaouis.
Le Conseil de sécurité de L’ONU s’est réuni samedi pour discuter d’une proposition de déclaration soumise par le Koweït, représentant les pays arabes. Le texte réclamait - conformément aux voeux du secrétaire général de L’ONU – « une enquête indépendante et transparente » sur les événements de vendredi. Mais il a été bloqué par les Etats-unis soutenus par le Royaume-uni. Et cette paralysie de la communauté internationale agace les responsables palestiniens. Washington « saborde toute condamnation internationale énergique du comportement d’israël à la frontière de Gaza » s’est indigné Saëb Erakat, le numéro deux de L’OLP, l’organisation de libération de la Palestine.
Et Hanane Ashraoui, membre du comité exécutif de l’organisation, estime que « cette position contreproductive », dit-elle, peut rendre les deux pays « complices de l’occupation militaire israélienne et de sa violence».