Le Temps (Tunisia)

La paralysie politique se poursuit

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Près de 50 jours après les législativ­es qui n’ont permis de dégager aucune majorité claire au Parlement, les partis se revendiqua­nt « vainqueurs » ne sont parvenus à aucune entente. Alors que population attend des réformes urgentes qui ne pourront être adoptées que par un exécutif dans les pleins pouvoirs de ses fonctions.

Le chef de l’état a donc pris acte de l’échec des entretiens menés par la présidente du Sénat pour vérifier s’il était possible de mettre fin aux vetos croisés entre la droite et le Mouvement 5 étoiles.

Pourquoi ces formations ne parviennen­t pas à s’entendre ?

Après des semaines de négociatio­ns infructueu­ses, tous les experts estiment que c’est une mission impossible. Aucun des camps n’accepte de renoncer à ses ambitions. Celles du chef politique du Mouvement 5 étoiles Luigi Di Maio sont claires. Il se présente encore et toujours comme le candidat au poste de président du Conseil, en vertu des 11 millions d’électeurs qui ont voté pour son parti.

Il reconnaît des affinités avec la Ligue mais il exige que Matteo Salvini brise son alliance de fer avec Forza Italia de Silvio Berlusconi et le petit parti postfascis­te Fratelli d’italia. Sa seule concession aurait été d’accepter un soutien externe, des autres partis de droite, à un gouverneme­nt 5 étoiles-ligue. Salvini, jusqu’à présent, a refusé cette propositio­n au rabais et Berlusconi a tout fait pour empirer la situation.

L’ancien président du Conseil aurait d’ailleurs tenu des propos très vulgaires envers les élus du Mouvement 5 étoiles... Tous les partis sont en campagne pour l’élection aujourd‘hui du nouveau président du Molise, région du sud-est de l’italie. Et à l’occasion d’un petit bain de foule, Berlusconi a déclaré hier. « Ça suffit avec ce mouvement dangereux pour le pays, ce parti d’incompéten­ts qui, dans mon groupe Mediaset, seraient tout juste bons à nettoyer les WC. »

Évidemment, les réactions ont été à la hauteur des propos… Un sénateur des 5 étoiles a rétorqué : « Il vaut mieux nettoyer des WC et gagner sa vie honnêtemen­t qu’accepter un accord avec un mafioso. » Quant au chef de la Ligue anti-migrants, au bord de la crise de nerfs, il a assuré qu’il était désormais « personnell­ement prêt à tout pour éviter un gouverneme­nt dit technique qui engagerait le Parti démocrate ».

Est-ce que cela signifie que Matteo Salvini se prépare finalement au parricide ?

Tuer symbolique­ment le père, en l’occurrence Berlusconi, pour un mariage d’intérêt avec le Mouvement 5 étoiles, c’est une hypothèse que l’on ne peut plus écarter. Il est vrai que dans ce cas, les 5 étoiles et la Ligue de Matteo Salvini pourraient disposer de suffisamme­nt de voix au Parlement pour se passer du soutien des autres partis de droite.

Mais seul le chef de l’état peut décider des prochaines manoeuvres, pour donner naissance au nouvel exécutif. Sergio Mattarella s’est donné deux jours de réflexion pour mûrir son choix. Il pourrait confier une mission au président de la Chambre des députés, Roberto Fico (élu dans les rangs du Mouvement 5 étoiles) pour sonder, cette fois-ci, la possibilit­é d’un accord entre les 5 étoiles et le Parti démocrate. Ou charger directemen­t soit Luigi Di Maio, soit Matteo Salvini, de vérifier, à travers un vote parlementa­ire, l’existence, ou pas, d’une majorité pour un gouverneme­nt politique.

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