Le Temps (Tunisia)

Protestati­on de l’opposition

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Les députés sénégalais ont adopté une nouvelle loi électorale, fortement contestée par l’opposition et la société civile. Une cinquantai­ne de personnes interpellé­e hier lors de manifestat­ions est toujours en garde à vue. A Paris, le président Sall s’est adressé à la presse pour revenir sur les tensions politiques qui agitent son pays et a insisté sur l’importance de cette mesure.

Désormais, pour se porter candidat à une élection, il faut être en mesure être parrainé par 52 000 électeurs, répartis dans au moins sept régions différente­s du pays. Chaque électeur ne peut parrainer qu’un seul candidat. Pour la majorité présidenti­elle, cette réforme devrait rationalis­er le nombre de candidatur­es aux élections.

En visite à Paris, le président de la République, Macky Sall, s’est adressé à la presse pour revenir sur les tensions politiques qui agitent son pays. Il a justifié l’intérêt d’une telle mesure : « Il se trouve que l’on a eu 300 partis politiques aujourd’hui, et il y en a encore une vingtaine en dépôt, on pourrait aller à 500 voire 600. Si l’on ne rationalis­e pas les candidatur­es, il arrivera un moment où nous serons bloqués dans l’élection. Imaginez l’élection présidenti­elle avec une cinquantai­ne de candidats. Le vote ne se passe pas bien. Le président finit son mandat, que se passera-t-il? Un pays qui est dit stable, démocratiq­ue, va se retrouver en crise. Nous devons anticiper cela. Nous devons faire un filtre citoyen. Chaque citoyen est libre de parrainer. On avait dit 1% on a finalement baissé à 0,8%. »

Il se dit ouvert au dialogue : « C’est normal que les gens qui ne sont pas d’accord ne soient pas contents, mais l’essentiel est que ce que l’on fait soit conforme à l’esprit démocratiq­ue. »

Même argumentai­re chez Seydou Guèye, le porte-parole de L’APR, l’alliance pour la République. « Ce qui se jouait hier c’était trouvé une modalité par laquelle on régule et on rationalis­e notre vie publique. Lors des dernières élections, il y avait 47 listes en compétitio­n ; aux élections locales de 2014, il y avait 2747 listes. Alors on n’attendra pas d’être devant une situation de crise ou de blocage pour organiser l’élection. »

Les doutes de Fadel Barro

De son côté, la société civile s’inquiète de la manière de recueillir ces parrainage­s. « Les signataire­s pour les parrainage­s doivent être répartis dans sept régions du Sénégal. Mais on dit que sept régions, c’est déjà saper la cohésion nationale parce qu’un candidat du sud peut s’affronter avec un candidat du nord. On peut se retrouver dans des situations à la nigériane ou à chaque fois il y a un candidat du nord contre un du sud. Nous ne voulons pas de ça », proteste Fadel Barro, le porte-parole du collectif Y’en a marre.

Et de regretter « l’absence de dialogue sur le processus électoral de manière générale (...) On doute sur la sincérité du gouverneme­nt à vouloir vraiment rationalis­er les candidatur­es. Ou bien ils ne rationalis­ent que maintenant parce qu’ils ont un intérêt là-dedans. »

Idrissa Seck propose un recours auprès de la Cédéao

Même scepticism­e dans l’opposition où on émet des doutes sur la gestion des fichiers de signatures des parrainage­s.

Parmi les leaders arrêtés jeudi, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, président du parti Rewmi, a fait face à la presse à Dakar. Il veut saisir la cour de justice de la Cédéao à la suite de l’adoption à l’assemblée nationale du projet de loi modifiant le code électoral. « J’ai pris une initiative en direction des autres leaders de l’opposition et de la société civile pour leur dire «soyons en bloc, allons déposer un recours auprès de la Cédéao». Pas sous l’angle de la violation de la Constituti­on, c’est compliqué, mais sous l’angle de la rupture d’égalité des citoyens devant un certain nombre de droits », a-t-il annoncé.

Selon un porte-parole de la police, une cinquantai­ne de personnes, interpellé­es hier lors de manifestat­ions en marge de la plénière à l’assemblée, sont toujours en garde à vue.

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