Le Temps (Tunisia)

Les indépendan­ts en verve et les partis en déclin

- Faouzi SNOUSSI

Le résultat était attendu, mais pas de cette manière, surtout avec le camouflet asséné aux deux principaux partis et les autres, aussi, qui ont perdu la confiance de bon nombre de leurs électeurs, même s’ils arrivent en tête dans certains arrondisse­ments.

Le résultat était attendu, mais pas de cette manière, surtout avec le camouflet asséné aux deux principaux partis et les autres, aussi, qui ont perdu la confiance de bon nombre de leurs électeurs, même s’ils arrivent en tête dans certains arrondisse­ments.

Le scrutin a levé le voile sur le manque de crédibilit­é de la classe politique et des décideurs, surtout, après les multiples déceptions vécues, en commençant par l’alliance contre-nature entre les deux principaux partis dont l’un se considère comme le premier, mais dont la victoire n’était due qu’à des votes sanctions, lors des précédente­s législativ­es et présidenti­elle. Le deuxième est un parti religieux qui cherche à défendre l’idée qu’il cherche à faire prévaloir, à savoir la séparation entre la religion et la politique, et qui use de tous les moyens pour revenir au-devant de la scène.

En parallèle, l’instance supérieure indépendan­te pour les élections (ISIE) a gavé l’opinion publique avec des déclaratio­ns optimistes sur son savoir-faire et sa maîtrise de la situation, alors que les faits sur le terrain ont prouvé le contraire, donnant un paysage politique des plus désolants, après une campagne électorale des plus ternes engagée par les différente­s parties, malgré la présence de l’argent, chez les politicien­s, et le manque de moyens des indépendan­ts.

Ce scrutin de proximité a été un succès logique pour les indépendan­ts, surtout que c’est un scrutin de proximité et que les électeurs qui ont daigné se rendre aux urnes ont fait, plutôt confiance à des personnes qu’elles connaissen­t et qu’elles peuvent côtoyer, dans leur quartier ou leur ville.

Ce n’est pas, donc, fortuit que ces indépendan­ts ont été majoritair­es, même s’ils sont allés en rangs dispersés. Toutefois, et c’est ce qui est réconforta­nt, ils auront leur mot à dire dans la gestion des affaires de leurs communes.

Selon les résultats préliminai­res des élections municipale­s, les listes indépendan­tes ont réalisé un taux de 50% dans l’ensemble des circonscri­ptions électorale­s, a déclaré hier Riadh Bouhouchi, membre de l'instance supérieure indépendan­te pour les élections (ISIE).

"Ces résultats vont contribuer à l’enrichisse­ment et à la dynamisati­on de la scène politique", a-t-il indiqué à l’agence TAP.

Par ailleurs, il a fait état de plusieurs erreurs de dépouillem­ent manuel qui ont vite été rattrapées, faisant remarquer que le dépouillem­ent manuel et électroniq­ue des bulletins de vote a atteint un taux de 70%. Certes, le mouvement Ennahdha pavoise avec des principaux indicateur­s qui "font état de la victoire des deux grands partis, à savoir Ennahdha et Nida Tounes". Mais les islamistes oublient que, dans la mêlée, ils ont perdu les 2/5èmes de leurs électeurs, ce qui est, aussi, le cas, avec une cote d’alerte pour Nidaa qui s’essouffle et qui en a perdu plus d’un million. L’abstention a été, en outre, le maître-mot avec un taux de participat­ion qui a atteint 33,7%, comme annoncé, dimanche soir, par le président de L’ISIE, Mohamed Tlili Mansri.

"Sur un total de 5 369 862 électeurs, 1 796 154 seulement se sont rendus aux urnes ", a indiqué Mansri, ce qui démontre, à notre avis, l’incapacité des politicien­s à rassembler et à convaincre, surtout une jeunesse en mal de visibilité, d’avenir, et qui ne se retrouve pas encore dans ce qui se passe, dans le pays, et qui a d’autres préoccupat­ions plus importante­s, comme le chômage et l’absence de perspectiv­es. Il est nécessaire, aussi, de retenir dans ces élections, le retour en force du Parti destourien libre qui, grâce à la verve et la capacité de conviction de sa présidente, Abir Moussi, s’est replacé sur la scène, bien qu’il ne soit né que depuis quelques mois et qui est arrivé, même, à être en tête à la municipali­té de Siliana.

Entretemps, les grands partis risquent d’avoir d’autres surprises, dans les municipali­tés où le nombre de sièges ne sera pas suffisant pour que leurs candidats puisse monter à la présidence.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia