Une manière subtile pour manquer aux engagements
Les partis politiques ont trouvé une manière subtile mais ne manquant pas de cynisme pour se dérober à leurs engagements envers les électeurs et justifier leur incapacité à ne pas tenir les promesses faites durant les échéances électorales.
Lors d’un point de presse, hier à Tunis, le président du réseau Doustourna, Jawher Ben Mbarek, a souligné à ce sujet que les partis politiques, notamment les grands partis tels que Nidâa Tounès et le mouvement Ennahdha, ont répondu que leur participation à des gouvernements de coalition les empêchaient d’appliquer leur programme propre et par voie de conséquence d’honorer leurs promesses électorales.
Des enquêtes approfondies, menées par le réseau Doustourna à cet égard et dont les résultats sont consignés dans des rapports substantiels, ont montré, chiffres à l’appui que pratiquement, non seulement, les partis politiques n’honorent pas leurs engagements, mais, qu’autant que le gouvernement de coalition, ils travaillent sur des agendas n’ayant aucun rapport avec ce qui a été promis aux électeurs. En effet, à défaut de pouvoir mettre en oeuvre leurs programmes propres, ils ont, toutefois, la possibilité d’agir en faveur de leurs promesses électorales, au niveau de l’action parlementaire, en orientant la teneur définitive des projets de lois proposés à la discussion et à l’adoption dans ce sens.
Le réseau Doustourna a même établi un indice à cet effet appelé « indice de diligence des blocs parlementaires majoritaires ». Or, de ce côté également, les scores réalisés par ces partis dont notamment Nidâa Tounès et Ennahdha sont négatifs.
Cette ONG en collaboration avec d’autres ONG analogues et avec l’appui d’organismes européens spécialisés, espère, par son initiative de suivi politique, sensibiliser davantage les citoyens à l’importance du suivi des programmes électoraux et de ce qu’elle appelle « la redevabilité politique », c'est-àdire le fait de demander aux partis politiques de rendre compte de leurs promesses électorales. Jawher Ben Mbarek a justement noté que la promesse électorale en échange de la promesse de l’électeur d’accorder sa voix à l’homme politique prometteur lors des élections, constitue un véritable contrat qui engage l’homme politique, à l’instar de tous les autres contrats.
Mais, à vrai dire, si utiles que soient de pareilles initiatives, on sait déjà partout dans le monde, que depuis l’instauration de la démocratie et des élections, les citoyens ne se laissent pas berner deux fois de suite et sanctionnent sévèrement ceux qui ne tiennent pas leurs promesses électorales, le plus souvent en boycottant totalement les prochaines élections, ce qui réduit sensiblement leur valeur et porte atteinte à la réputation de la démocratie dans son ensemble.