Le Temps (Tunisia)

Des lunettes de correction…

- Samia HARRAR

Un strabisme affirmé, ça se corrige. Il vaut mieux d’ailleurs, pour éviter de tirer à côté. S’il faut viser juste ? Il faut revoir ses classiques. Ou tout au moins son « abc ». Ce serait, n’est-ce pas, la moindre des choses. Après coup, si les choses en sont venues à traîner, rien ne servira de courir une fois le mal est fait. L’arbitre aura sifflé la fin de la récré. A raison. Mais est-ce qu’il fallait qu’il y ait un drame de cette ampleur pour se rendre compte qu’il y avait un chaînon manquant, et qu’il n’est plus question de laisser faire, laisser passer ? Visiblemen­t en amont, ne sont pas fins stratèges ceux qui avaient pour mission de veiller à la sécurité des zones côtières dans la région. Car ceux qui sont partis à l’assaut des flots étaient en grand nombre. Suffisamme­nt en tout cas pour réveiller plus que des soupçons. Comment se fait-il qu’ils aient pu glisser aussi facilement entre les mailles -sécuritair­es- des garde-côtes, sans que les instances concernées n’en soient avisées ? Un défaut au niveau des renseignem­ents ? Ou pas que. Pas que en dit beaucoup. Ou pas assez peut-être. Ou sûrement. Car le laxisme ambiant ne peut pas tout expliquer. La myopie peut-être. Si quelqu’un a décidé qu’il serait préférable de casser ses lunettes. Ou d’avaler, comme par inadvertan­ce, ses lentilles de contact. Dans quel intérêt : l’on ne sait. Cherchez l’erreur. Pour autant, limoger à bout de bras ne résout pas la question essentiell­e. A savoir : y a-t-il eu connivence et intérêts croisés, à un moment ou un autre, entre l’appareil sécuritair­e et la mafia en place qui envoie à la casse, sans sourciller, des jeunes, pour qu’ils aillent grossir les rangs de ceux qui sont perdus en mer ? L’argent n’a pas d’odeur, mais qu’est-ce qu’il pue parfois à des lieux à la ronde. Alors pour enquêter, il faut enquêter. Il y a urgence…

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