Le Vivre ensemble selon Abbès Boukhobza
La nouvelle collection de ce jeune artiste est inspirée du paysage humain de l'île de Djerba. Vernissage dimanche 10 juin dans une galerie du Saf-saf, désormais ouverte aux quatre vents des arts...
Les oeuvres de Abbès Boukhobza résonnent souvent comme un hommage au grand Abderrazak Sahli. Proches, les deux artistes ont en effet connu une grande complicité, l'aîné, Sahli, initiant aux arcanes de la composition le cadet. Depuis, Boukhobza a gardé une touche subreptice qui le relie à Sahli, une technique d'occupation de l'espace de la toile qui s'apparente à celle de l'artiste emblématique aujourd'hui disparu.
Abbès Boukhobza ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Désormais installé en France, il multiplie les initiatives entre Paris et Marseille et vient de se distinguer doublement en Tunisie. D'abord, une exposition en mars dernier qui sous l'intitulé "Traces du futur" invitait à découvrir les nouvelles recherches de cet artiste qui cherche son inspiration dans les terroirs djerbiens où il est né. Ensuite, un portfolio qu'il a présenté une première fois au mois de mai à Djerba et que le public de la capitale devrait découvrir ce dimanche 10 juin au Saf-saf, à la Marsa.
Une symbolique du partage et de la rencontre
Intitulée "Houch et Bibane",
cette collection nous mène d'une porte à l'autre, d'une demeure à sa voisine. C'est à Djerba, à cheval entre les communautés que Boukhobza a réalisé cette collection qui est accompagnée de plusieurs textes d'auteurs. Patiemment, l'artiste a peint des portes parées de toutes leurs dimensions symboliques. Passages, ouvertures, accès sont ainsi induits par ces portes qui ne sont jamais fermées mais entre-baillées, accueillantes et aussi riches en couleurs et textures.
De la sorte, ces portes deviennent une métaphore du vivre ensemble. Suggérant hospitalité et compréhension, ces portes et les demeures auxquelles elles permettent d'accéder sont ainsi l'argument d'un artiste qui plaide pour la concorde. Accompagnées de textes d'auteurs, les peintures de Boukhobza fourmillent de détails. On y voit signes et symboles et on y pressent un dialogue culturel en plein élan.
Artiste qui reste à découvrir par le grand public, Abbès Boukhobza nous invite à une élévation qui prend pour prétexte des portes et des demeures mais n'en reste pas moins un exercice spirituel. De bon ton en ces derniers jours du mois de Ramadan!
Hatem BOURIAL