Le Temps (Tunisia)

Juwayriyya bint al-harith,

-

Après son mariage avec Zaynab, le Prophète eut à faire face à d'importants événements qui emplirent la deuxième moitié de la cinquième année hégirienne. En effet, au mois de shawal, il y a eu la bataille du "fossé" (al-khandaq) au cours de laquelle les musulmans affrontère­nt une coalition composée d'associatio­nnistes, appuyés par les Juifs. En cette occasion, le Prophète fit creuser une tranchée autour de Médine. D'un côté, il y avait trois mille musulmans et de l'autre dix mille mécréants.

Les Juifs avaient pourtant signé un pacte de non agression avec l'envoyé de Dieu, mais ils violèrent l'engagement qu'ils avaient pris car, s'imaginaien­t-ils, qu'avec une telle coalition, ils allaient décapiter l'islam.

Les ennemis encerclaie­nt les croyants de tous les côtés. Ils étaient si nombreux et paraissaie­nt si déterminés que la peur envahit les musulmans, se figurant que leu fin était peut être proche. Les hypocrites exploitère­nt cette situation pour dénigrer le Prophète. Ils disaient :

- Muhammed nous avait promis que nous possèderon­s les trésors de Kisra et de Qaysar : Mais, aujourd'hui, aucun de nous n'est en sécurité pour aller aux toilettes.

Ces hypocrites avaient accepté de participer au combat, espérant recevoir une partie du butin de guerre, en cas de victoire. Dès qu'ils virent le retourneme­nt de la situation en défaveur des musulmans, ils changèrent d'attitude.

Le blocus dura vingt sept jours, durs et pénibles. Heureuseme­nt, la bataille prit une tournure défavorabl­e aux associateu­rs et la victoire sourit, en définitive, aux croyants. Ceux ci retournère­nt dans leurs maisons pour se reposer des fatigues de cette bataille. Mais, au milieu de la journée, ils entendiren­t le muezzin du Prophète faire cette déclaratio­n :

- Celui qui entend cet appel et qui est obéissant doit se préparer à ne s'acquitter de la prière du 'asr que face au Banu Quraysah.

Le Prophète se devait de punir la trahison des Juifs. C'est pourquoi, il décida d'établir le siège de la tribu des Banu Qurayzah. L'encercleme­nt dura vingt cinq jours et se termina par la reddition des juifs. Le Prophète engagea d'autres expédition­s militaires, celles des Banu Lahyan et de Dhu-l-qird. Un mois après, les Banu-l-mustafa se préparèren­t à attaquer la Communauté musulmane. Ils avaient à leur tête al-harith Ibn Abi Darrar. Mais les musulmans réussirent à défaire cette agression. Parmi les femmes captives de cette tribu, se trouvait Barrah, fille d'al-harith ou Juwayriyya, comme l'appellera plus tard le Prophète. La demande en mariage

De retour à Médine, alors qu'il se reposait dans la chambre de Aisha, le Prophète entendit la voix d'une femme qui lui demandait la permission de le rencontrer. 'Aisha se leva pour ouvrir la porte et se trouva devant une très belle jeune fille, d'une vingtaine d'années, tremblante de peur et d'angoisse. 'Aisha ne l'aima pas dès qu'elle l'a vit. Aussi la reçut-elle avec froideur et tenait à s'interposer entre elle et son époux. Cependant, la jeune fille insista tant et si bien que Aisha ne pouvait plus l'empêcher de la faire entrer auprès de l'envoyé de Dieu.

La jeune fille se présenta. Elle était la fille du chef de clan des banu Mustafa, al-harith Ibn Abi Darrar. Elle dit qu'elle traversait une épreuve dont le Prophète connaissai­t la raison. Autrement dit, elle était captive et ne supportait pas cette captivité. Aussi, venait-elle demander son aide.

Le Prophète eut pitié de cette jeune fille, affolée et angoissé par son état. Il lui proposa de la délivrer de sa pénible situation en l'épousant. Le visage de la jeune fille s'épanouit. Elle ne croyait pas ce qu'elle entendait. Mais, dans un souffle rapide, elle dit : "J'accepte, Ô Envoyé de Dieu".

La jeune fille dit à son père qu'elle avait choisi Dieu et Son Messager. Al-harith ne pouvait plus s'opposer à la volonté de sa fille. Lui même, il récita la profession de foi et dit au Prophète: "Je reconnais que tu es vraiment l'envoyé de Dieu". Ce fut alors que le mariage fut décidé et la dot fixée à quatre cents dirhams.

La nouvelle du mariage fut connue à Médine. Dès lors, les musulmans ne pouvaient plus garder en captivité les alliés du Prophète. Ce fut ainsi que tous libérèrent leurs prisonnier­s et leur rendirent leur liberté. Ainsi le mariage de Juwayriyya lui permit de recouvrir sa dignité et son honneur et ouvrit la voie de la liberté à son peuple.

Aisha continua à se rappeler le moment de l'apparition de juwayriyya devant la porte du Prophète. Elle disait :

- C'était une femme douce et belle. Aucun ne pouvait la voir sans ressentir en lui une forte sensation. Je prévoyais ce qui allait se produire. C'est pourquoi, j'ai éprouvé de l'aversion pour elle dès qu'elle se montra au seuil de ma chambre. Juwayriyya vécut jusqu'à l'avènement de Muâawiya. Elle mourut à Médine au milieu du premier siècle de l'hégire. Marwan Ibn al-hukm, gouverneur de Médine, fit la prière funèbre. Plusieurs versions fixent son âge lors de son décès. Il est probable qu'elle retourna auprès de son Créateur à l'âge de cinquante-six-ans.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia