Le Temps (Tunisia)

Trump torpille ses meilleurs alliés

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Donald Trump a qualifié de « faible et malhonnête » le premier ministre Justin Trudeau à l’issue du sommet du G7. L’expression est drôlement bien choisie. Il suffirait que le président américain tourne le miroir vers luimême pour qu’elle soit juste.

En effet, Donald Trump n’a jamais paru aussi faible et malhonnête qu’au sommet du G7. Après avoir donné son accord à la signature d’un communiqué commun, il s’est désolidari­sé des six autres leaders des principaux pays industrial­isés en raillant le premier ministre Trudeau. Celui-ci aurait commis un impair en réitérant son intention de riposter à l’imposition déloyale de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium. Le Canada ne se laissera pas intimider par les actions belliqueus­es du pyromane de la Maisonblan­che. Le gouverneme­nt Trudeau est dans son droit de riposter et de profiter de la tribune du G7 pour signifier son profond désaccord à l’égard des pratiques commercial­es erratiques des États-unis. Qu’y a-t-il de mal à profiter d’une tribune internatio­nale, en sol canadien de surcroît, pour le clamer haut et fort et réaffirmer son intention d’imposer à son tour des sanctions ?

Ces tarifs, imposés au nom de prétendus impératifs de « sécurité nationale », n’ont aucun sens. Le Canada ne présente aucune menace pour les États-unis. Il s’agit de son deuxième partenaire commercial en importance avec des échanges annuels évalués à près de 674 milliards en 2017. Quelque neuf millions d’emplois aux États-unis dépendent des relations commercial­es avec son voisin du nord. S’il y a une menace, elle vient des périls de guerres commercial­es sur tous les fronts comme celles menées actuelleme­nt par les États-unis.

Les explicatio­ns fournies par Washington au lendemain de la volte-face de Donald Trump n’ont guère plus de cohérence que la décision d’imposer des tarifs douaniers. Le principal conseiller économique du président, Larry Kudlow, a indiqué que Donald Trump n’avait pas le choix de torpiller les efforts du G7 parce que Justin Trudeau l’a trahi, en le plaçant en position de faiblesse à deux jours du sommet nord-coréen. Du grand n’importe quoi, comme à l’habitude avec le locataire de la Maison-blanche, dont la spécialité est de repousser toujours plus loin les limites de l’incohérenc­e et de l’immoralité.

Depuis son élection, Donald Trump est en position de faiblesse permanente à l’échelle internatio­nale. Sa promesse de faire passer « l’amérique en premier » se traduit par le retour en force de politiques isolationn­istes en net décalage avec la réalité moderne. L’expansion du commerce internatio­nal et la signature d’accords de coopératio­n économique ont mené à une situation d’interdépen­dance accrue des économies mondiales. Le protection­nisme économique, qui va souvent de pair avec le populisme politique, offre une réponse à courte vue aux problèmes réels engendrés par la mondialisa­tion.

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