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Le Front Populaire s’est fait porter pâle. Au mauvais moment. Hasard ou coïncidence ? Il n’y a pas de hasard, il n’y a pas de coïncidence, sachant qu’aux moments cruciaux, il faut savoir se serrer les coudes, si l’on se targue de servir le même idéal. Ou alors on change de veste et on assume clairement. La retourner même en catimini, même en faisant mine de ne pas y toucher, c’est prêter le flanc à toutes les accusations, lesquelles ne sont pas sans fondement, aujourd’hui, que le parti de Hamma a cédé le terrain à la candidate d’ennahdha, pour qu’elle s’en vienne siéger à la tête de la Mairie de Tunis, et tout ce que cette « intronisation » peut revêtir comme symbolique, et comme dangereuse déviation.
C’est faire montre d’irresponsabilité, et de désengagement envers la patrie, que de priver de ses voix le candidat de Nidaa Tunis, parce que ce parti éponyme cultiverait un certain clivage avec celui d’un Front Populaire, qui vient d’infliger un camouflet tonitruant, à cette Tunisie moderne, plurielle et diverse, qu’il prétend défendre bec et ongles, contre tous les vents obscurantistes qui la menacent dans son identité, et dans ses fondements. Maintenant, Hamma Hammami peut pavoiser ainsi que ses pairs : plus personne n’est prêt à lui prêter une oreille, même inattentive, même polie, pour qu’il s’en vienne servir sempiternellement, et pour ne pas changer, la même soupe qui en est devenue insipide, à force d’avoir été vidée de tout ce qui en faisait la force, l’accent et la vérité, aujourd’hui qu’il a choisi de se rallier à son pire ennemi, en lui cédant ses voix par ricochet, puisqu’au final, s’abstenir, c’est aussi une manière de voter.
Trop d’intelligence nuit à l’intelligence comme dirait l’autre. C’est bien dommage : un ange est passé. Il avait les deux ailes cassés, il n’ira pas loin…