L'indignité des «complotistes» face à la grandeur de la mort
La Tunisie s'est réveillée sur un nouveau drame survenu à Jendouba où une patrouille de la Garde nationale a été piégée par des terroristes qui ont posé une mine là où passait le véhicule. L'explosion a causé le décès de six agents de la Garde nationale et la blessure de trois autres ; les victimes, âgées entre 25 et 28 ans, ont toutes été inhumées hier dans leurs villes d'origine.
La Tunisie s’est réveillée sur un nouveau drame survenu à Jendouba où une patrouille de la Garde nationale a été piégée par des terroristes qui ont posé une mine là où passait le véhicule. L’explosion a causé le décès de six agents de la Garde nationale et la blessure de trois autres ; les victimes, âgées entre 25 et 28 ans, ont toutes été inhumées hier dans leurs villes d’origine.
Bien que pareil drame puisse survenir à tout moment, l’attentat de Jendouba a provoqué la colère de l’opinion publique et de l’élite politique ; depuis les attentats du Bardo, de Sousse, de l’avenue Mohamed V et de Ben Guerdane, notre pays a pu vivre une petite trêve de cette barbarie pour que les terroristes reviennent en force avec ce nouveau drame. Quelques heures après l’attaque, des plateaux télévisés se sont mis en place pour revenir sur les détails de l’affaire ; des analyses aussi irréalistes qu’infondées ont commencé à envahir nos petits écrans. Toutefois, et comme nous sommes en pleine saison estivale, tous les politiciens n’ont pas été conviés à ces plateaux ce qui a amené certains d’entre eux à communiquer via leurs pages officielles Facebook. Ainsi, les Mohsen Marzouk, Moncef Marzouki, Abdelaziz Kotti, Mongi Harbaoui, etc… se sont étalés dans des analyses plus étonnantes les unes que les autres. Alors que Harbaoui, porte-parole du mouvement de Nidaa Tounes, dénonçait les échecs du gouvernement et appelait à son évincement, Marzouk a attaqué ceux «qui jouent avec l’etat comme des enfants qui jouent à un jeu qui est leur». Pour l’ancien président provisoire de la République, l’enjeu suprême en ce moment est celui d’un «coup d’etat rampant»…
Tels politiciens, tels sympathisants et «militants». Hier, et pendant que tout le pays suivait la triste scène du transport des dépouilles, les réseaux sociaux en Tunisie se sont rapidement divisés en deux pour nous offrir le plus pathétique des spectacles ; les pros Lotfi Brahem, ancien ministre de l’intérieur, et les pros Youssef Chahed, actuel chef du gouvernement, se sont adonnés à une bataille virtuelle sanglante sur internet. Le premier groupe a publié toutes sortes de propos où il explique, presque scientifiquement, que l’attentat de Jendouba est le résultat direct du limogeage de Lotfi Brahem de la tête du ministère de l’intérieur, alors que le second groupe a repris exactement le même argument pour insinuer que Brahem, ou du moins ses sympathisants, sont derrière le douloureux événement.
Une querelle qui a duré plus de 48h pour nous priver même du petit moment de recueillement auquel tout le monde a, normalement, le droit dans des cas de deuil extrême. Alors que la bataille atteint des degrés inimaginables, les premiers responsables de l’etat, à savoir les trois présidences, n’ont, jusqu’à présent, fait aucune réaction à part le report des activités culturelles pour les quelques jours à venir…