Le Temps (Tunisia)

Flou, tergiversa­tions et implicatio­n du président de la République

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Le Temps - Le mouvement Ennahdha a appris, depuis la Révolution et après avoir goûté au pouvoir, comment anticiper tous les coups durs et toutes les critiques, pour sortir indemne et tirer le maximum possible de profit, pour l’avenir politique de ses dirigeants, surtout avec le savoir-faire de son éternel dirigeant, Rached Ghannouchi.

Les quatre années de consensus ave le mouvement de Nidaa Tounès a permis à Ennahdha, malgré sa déconvenue lors des précédente­s élections législativ­es et présidenti­elle, de naviguer sur une mer calme, en sortant vainqueur dans toutes les situations où il est mis à l’épreuve et en occupant, surtout le terrain perdu par son adversaire et, ironie du sort, son partenaire dans la gestion du pays, soit Nidaa qui a été usé par le pouvoir et par les conflits internes, les dissidence­s et la volonté du président de la République de léguer le mouvement à son fils, Hafedh.

Pire encore, ce ne sont pas les responsabl­es, présidence et gouverneme­nt, qui nous annoncent les bonnes et les mauvaises nouvelles… parce que c’est Ennahdha qui se charge de le faire et d’en faire un outil de marchandag­e, pour occuper le terrain.

Contre toute attente, et face aux critiques concernant le refus de Ghannouchi de recevoir les auteurs du rapport du COLIBE, c’est Ennahdha qui annonce que le président de la République a été informé de la position du mouvement islamiste.

Une déclaratio­n de ce mouvement publiée mercredi au terme de la réunion mardi de son bureau exécutif souligne que le président de la république Béji Caïd Essebsi a été informé de sa position sur le projet de la Commission des libertés individuel­les et de l’égalité (COLIBE) rendu public le 12 juin dernier, dans un message remis par le chef du mouvement Rached Ghannouchi vendredi (soit le 3 août) au chef de l'etat.

Ennahdha n'a pas fait état de sa position dans cette déclaratio­n, se contentant d’indiquer que "Le président du mouvement a pris connaissan­ce de l'approche du président de la république sur les questions relatives à l'héritage, aux libertés personnell­es et sur les questions qui seront tranchées à court terme et celles qui sont sujettes à débat".

Le rapport a suscité une grande polémique et des réactions mitigées entre ceux qui ont approuvé son contenu et ceux qui l'ont fustigé allant même jusqu'à accuser les membres de la Commission, et en particulie­r sa présidente Bochra Belhaj Hmida, d’hérésie.

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