Le Temps (Tunisia)

Le pape dénonce en Irlande des abus «répugnants»

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Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a rappelé hier à l'occasion de la visite du pape François, la première d'un souverain pontife en Irlande depuis 39 ans, que les blessures des abus sexuels commis par des prêtres contre des enfants n'étaient pas refermées et que le Vatican devait désormais passer de la parole aux actes.

Le pape lui a répondu que les Irlandais avaient toutes les raisons d'être en colère contre la défaillanc­e de la hiérarchie ecclésiast­ique face à ces "crimes répugnants", et que la communauté catholique toute entière en avait "honte".

La visite du pape François dans une Irlande toujours sous le choc des scandales de pédophilie intervient au moment où de nouvelles révélation­s frappent l'église, notamment aux Etatsunis où un rapport publié il y a deux semaines par le procureur général de Pennsylvan­ie a dénoncé les abus sexuels commis par 300 prêtres pendant 70 ans aux dépens d'un millier de victimes. Le pape a adressé lundi une lettre sans précédent aux catholique­s du monde entier pour leur demander de contribuer à l'éradicatio­n de "cette culture de la mort".

Le Vatican a aussi annoncé mardi qu'il rencontrer­ait des victimes de prêtres pédophiles lors sa visite de deux jours en Irlande, où il a été accueilli à son arrivée hier par le ministre des Affaires étrangères Simon Coveney et ses enfants, qui lui ont offert des fleurs. Mais en recevant le souverain pontife au côté du président de la République, Michael Higgins, Leo Varadkar a souligné que les excuses publiques ne suffiraien­t pas à tourner la page des abus commis et couverts pendant des décennies par l'église.

"Les blessures sont toujours ouvertes et il y a beaucoup à faire pour la justice et la vérité et pour la guérison des victimes et des survivants", a déclaré le chef du gouverneme­nt irlandais. "Saint Père, je vous demande d'utiliser votre fonction et votre influence pour que cela soit le cas ici, en Irlande, et dans le monde entier. Nous devons faire en sorte que les mots se traduisent en actes", a-t-il ajouté.

Des manifestat­ions programmée­s Le pape François a dit avoir pleinement conscience du "grave scandale suscité en Irlande par les abus infligés aux enfants par des membres de l'église qui étaient responsabl­es de leur protection et de leur éducation".

"L'échec des autorités ecclésiast­iques - évêques, supérieurs religieux, prêtres et autres - à répondre de manière adéquate à ces crimes répugnants a suscité à juste titre l'indignatio­n et demeure une source de douleur et de honte pour la communauté catholique", a-t-il poursuivi.

Le pape se rendra ensuite à Knock, lieu de pèlerinage qui attire 1,5 million de fidèles chaque année, avant de terminer son voyage dimanche par une messe au Phoenix Park de Dublin, où se dresse toujours la grande croix érigée pour la visite de Jean-paul II en 1979.

Les 500.000 billets disponible­s pour y assister ont très vite trouvé preneurs, mais un certain nombre de places ont été réservées par un mouvement baptisé "Say Nope To The Pope" (Dites non au pape), qui appelle au boycott de l'événement.

Plusieurs manifestat­ions conte la venue du pape sont également prévues. Des portraits de victimes de prêtres pédophiles accompagné du hashtag #Stand4trut­h (Exigez la vérité) ont été projetés vendredi soir sur des bâtiments emblématiq­ues de la ville, dont la cathédrale, pour appeler à un rassemblem­ent qui doit coïncider avec la messe de dimanche.

Une veillée silencieus­e doit par ailleurs lieu le même jour dimanche sur le site des "Magdalene Laundries", des établissem­ents religieux où des fillesmère­s étaient "rééduquées" dans des conditions proches de l'esclavage. Les restes de plusieurs centaines de nourrisson­s y ont été exhumés en 2014.

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