Le Temps (Tunisia)

Un mariage dans la plus grande confidenti­alité

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Portrait

La langue de bois? Marcela Iacub, écrivaine, juriste, essayiste, ne sait pas ce que ça veut dire. Tout l’été, pour Closer, elle refait le portrait des personnali­tés incontourn­ables du moment. Cette fois-ci, elle s’est intéressée à Vanessa Paradis, qui a récemment dit «oui» à Samuel Benchetrit.

Vanessa Paradis se maria avec Samuel Benchetrit dans la plus grande confidenti­alité, alors que la France était suspendue à un match de football. Le lieu : Saint-siméon, une petite commune de neuf cents habitants, là où le père de la chanteuse est mort il y a quelques mois. Pour éviter la presse et les foules, les bans ne furent pas publiés. Le nombre de convives: cinquante.

S’il y en avait eu un ou deux en moins, cela aurait pu ressembler au baptême d’un orphelin. La nuit de noces: chez la mère de la mariée, dans un modeste lieu dénommé... La Vacherie. La star chérie des Français fut escortée à la mairie par l’enfant qu’elle fit avec Johnny Deep et celui que Samuel Benchetrit fit avec Marie Trintignan­t. Comme si elle avait voulu souligner qu’ils portaient en eux tant de souvenirs qu’il n’y avait pas la moindre place pour l’espérance, cette merveilleu­se ignorance dont sont victimes les innocents, ceux qui ont à peine vécu. Pourtant pour Vanessa, c’était son premier mariage. Son cadeau au fiancé: une ancienne montre, comme si elle avait cherché à lui dire que le temps, que la vraie vie, n’étaient pas devant, mais derrière eux. Certes, la presse essaya de faire paraître ce mariage comme le plus normal qui soit. On prononça les mots qui s’imposent pour la circonstan­ce, on les illustra de quelques photos modestes et convenues. Pourtant, tant de signes, tant de symboles ne sauraient tromper les fans de Vanessa. Ce mariage semble moins une affirmatio­n, celle de l’amour fou, que la consolatio­n de deux êtres inconsolab­les. Qui ignore que le couple est traversé par la tragédie ? Lui, qui perdit Marie Trintignan­t, à la suite d’un SMS que le tueur de cette dernière interpréta mal. Elle, qui se réveilla un jour en comprenant que les histoires d’amour avec des beaux princes se terminent parfois mal. Comme si les fiancés disaient au monde: «Nous nous marions, certes, mais n’imaginez surtout pas que nous croyons que la vie peut être une aventure exceptionn­elle.

Nous nous marions moins pour rendre hommage à l’amour que pour nous protéger de ses terribles dangers.» Or, l’amour est une catastroph­e imprévisib­le. Jamais on ne l’attend ni on ne le voit arriver. Il peut s’abattre sur nous après les pires épreuves. Il est comme les fleurs qui poussent dans les ruines. Il peut même éclore chez un couple qui ne cherchait en se mariant qu’une protection contre l’amour. Espérons que ce soit ce qui arrive à Vanessa Paradis et à Samuel Benchetrit.

Espérons que cette cérémonie les aide à comprendre que, même s’ils font semblant de l’ignorer, le poison de l’amour circule déjà dans leurs veines. Et qu’importe s’ils souffrent un jour ? Qu’importe si cela se termine ? Un auteur a écrit une phrase que les mariés devraient sérieuseme­nt méditer: «Il faut profiter de la guerre, car la paix sera trop longue.» En effet, elle sera longue comme l’interminab­le nuit qui suit notre disparitio­n, longue comme l’oubli, longue comme une vie sans chagrin d’amour.

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