Le Temps (Tunisia)

Robert de Niro avait failli jouer le rôle principal

-

«Big» 30 ans après

Avant de devenir le succès que l’on connaît, Big a connu bien des déboires et est même resté trois ans en développem­ent. Dès le lancement du projet, de nombreux réalisateu­rs ont en effet décliné l’offre de mettre en scène l’histoire de Josh Baskin, garçon de 12 ans qui, ayant fait le voeu de devenir grand lors d’une fête foraine, se réveille le lendemain matin dans le corps d’un adulte alors qu’au fond de lui, il est toujours un enfant. Après de nombreux refus, le projet est finalement confié aux mains débutantes de Penny Marshall. A l’époque connue en tant que comédienne, notamment pour la série Laverne & Shirley, Marshall n’a réalisé qu’un seul film et ignore encore que Big la fera devenir la première réalisatri­ce à dépasser les 100 millions de dollars au box-office. Mais, le film a également souffert pour caster son acteur principal. Qui allait pouvoir se glisser dans la peau de cet enfant/adulte ? Qui allait offrir à ce film à concept le réalisme et l’authentici­té dont il avait besoin? Les scénariste­s, qui avaient écrit le script en ayant Tom Hanks en tête, voient leur espoir s’évanouir lorsqu’en 1984, la jeune star, déjà attaché à Dragnet et au Mot de la fin, s’avère finalement indisponib­le pour le tournage. Dans le même temps, trois studios rivaux annoncent qu’ils préparent des films similaires (Mon père c’est moi, Vice Versa et Papy Junior), compliquan­t encore plus la tâche de trouver, sans trop tarder, une autre tête d’affiche...

Penny Marshall propose alors le rôle de Josh aux deux autres jeunes étoiles du boxoffice de l’époque, Kevin Costner et Dennis Quaid, qui refusent tous deux le rôle. Également sollicités à l’époque, Harrison Ford, Jeff Bridges, Robin Williams ou encore Albert Brooks, qui auraient également décliné l’offre. Sean Penn passe aussi le casting mais est considéré trop jeune pour le rôle. Quant à John Travolta, s’il aurait adoré porter le rôle, le studio refuse que l’acteur soit choisit, le considéran­t comme «un poison au box-office», comme le raconte Penny Marshall dans ses mémoires «My Mother Was Nuts».

La réalisatri­ce décide finalement d’aller à contre-courant et va à la rencontre de Robert de Niro, en plein tournage des Incorrupti­bles.»je connais Bobby depuis des années. Il a un sens de l’humour différent mais il en a un. A ce moment [du processus], tous les acteurs avaient dit : ‘Non !’. Alors j’ai dit : ‘Bon, je vais me diriger vers un ‘homme homme’ dans ce cas [et non un homme aux allures de garçon]’», racontait Penny Marshall à Vanity Fair en 2013.

A cette époque, l’acteur, connu pour ses grands rôles dramatique­s, a envie de s’essayer à plus de légèreté et à des projets plus commerciau­x et plus familiaux. Il accueille avec grand plaisir la propositio­n de Penny Marshall. Cette dernière en parle à ses producteur­s, déjà en pré-production dans le studio à New York. «Ils étaient surpris et assez intrigués. Mais, ils étaient également sceptiques. En plus d’avoir du mal à l’imaginer dans le rôle, ils avaient entendu des histoires à son sujet», raconte Marshall, toujours dans ses mémoires.

Comme elle l’avait déjà fait avec Sean Penn ou même Andy Garcia, Marshall enregistre De Niro sur des séquences avec Jared Rushton, le jeune acteur qui campe Billy, l’ami de Josh dans le film. Ils s’entraînent alors au skateboard et aux paniers dans l’allée de sa propre maison. Pour se préparer à ce rôle délicat, De Niro demande également à la réalisatri­ce de regarder tous ses films et de lui souligner les aspects des différents personnage­s qu’il a incarnés qu’elle aimerait retrouver en Josh. Le Post, qui a pu s’entretenir avec Marshall en 2013, raconte qu’elle lui aurait alors parlé de l’énergie sauvage qu’il dégageait dans Mean Streets comme d’»un plus pour Josh».

Tout allait donc dans le bon sens jusqu’à ce que Marshall rencontre Warren Beatty à la demande du Studio et qu’elle le raconte à un De Niro circonspec­t, mais, surtout, au moment de la publicatio­n d’un article qui détaillait combien d’argent touchaient pour leur films des acteurs comme John Candy et Chevy Chase. Et tous gagnaient beaucoup plus que ce que Fox voulait bien offrir à De Niro pour Big.

Pour Marshall, c’est bien simple, le Studio ne le voulait pas dans le rôle. A ce moment, le producteur Jim Brooks aurait même suggéré qu’elle-même donne son salaire à l’acteur. Si la réalisatri­ce était prête à le faire, De Niro, hostile à cette idée, refusa en bloc. «Il commençait à être vraiment énervé. Il a dit qu’il ne voulait pas de mon salaire et qu’il prendrait celui de Jim à la place. Il n’est pas stupide, Bob. Il m’a dit : ‘[Toi et moi on va] travailler ensemble sur ce film, je ne peux pas être cette personne’», se souvient Marshall au micro du Post.

L’acteur se rétracte et décide de ne pas faire le film. Mais, sa magie à déjà opéré. Sa courte implicatio­n dans Big a eu le temps de faire le tour d’hollywood et de transforme­r le rôle de Josh, dont personne ne voulait à la base, en un rôle en or. «Bobby m’a donné la validité», confie d’ailleurs Marshall dans ses mémoires. Par la suite, Tom Hanks parvient finalement à se libérer pour tourner le film. Avec tout le talent et le succès que l’on connait. Quant à Penny Marshall et Robert de Niro, ils auront tout de même fini par travailler ensemble à l’occasion de L’eveil quelques années plus tard, en 1990.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia