Premier roman de Ludovic-hermann Wanda: entre auto-fiction et analyse sociologique de la France contemporaine
Jubilatoire, subtil, intelligent… Voici quelques-uns des termes qui viennent à l'esprit quand on veut qualifier Prisons, premier roman sous la plume du trentenaire Ludovic-hermann Wanda. Un roman quasi-autobiographique car c’est sa propre histoire de fils d’immigrés camerounais, diplômé en mathématiques et philosophie, après être passé par la case prison pour trafic de stupéfiants, que raconte ce primo-romancier.»
Frédéric, son protagoniste, est un « Black » des banlieues qui se fait prendre à la douane à la Gare du Nord en transportant dans sa valise « deux immenses sacs en plastique gavés d’herbe ». L'homme est un dealer qui fait régulièrement le trajet Bruxelles-paris à bord de Thalys, jusqu’à ce mois d’avril fatidique de 2003, lorsqu’une policière le contrôle, moins pour « délit de faciès » que parce qu’elle a eu un « flash » ! « Oui, un flash, c’est ça. Vous n’allez peut-être pas me croire, et pourtant j’vous assure que c’est vrai. »
Quoi qu’il en soit, le « flash » va coûter cher à Frédéric, qui finira en prison. Or comme pour l’auteur, l’enfermement sera pour le jeune dealer, une occasion de rebondir... En découvrant en prison le pouvoir des mots et de la belle langue. L’originalité du primoromancier Wanda est d’avoir su intégrer le passage de son protagoniste du « langage wesh-wesh » des banlieues au français littéraire, dans la structure même de son récit, avec des parties de l’intrigue racontées dans les deux versions.
Morale de l'histoire : la réconciliation des deux Frances passe par le rapprochement des langages. Mais la chute du « mur de Molières » que l'auteur appelle de tous ses voeux ne va pas de soi. Elle se révèlera plus compliquée à obtenir que celle du mur de Berlin.